18 avril 2024

Biennale de sculpture : « Jouer du métier! »

La Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli qui a eu lieu du 22 au 25 juillet a rassemblé différents artistes de la province de Québec. Sous la thématique « Sculpture + textile » en l’honneur d’Émélie Chamard, les artistes avaient comme mission de créer, dans une courte période, un projet de sculpture à présenter au public.  Le Journal L’Oie Blanche a rencontré le duo de Paméla Landry et de Rythâ Kesselring afin de découvrir leur processus de création, et ce, au moment du travail sur le terrain. Paméla Landry est détentrice d’une maîtrise en Open Média de l’Université Concordia. Créatrice de projets contestant la construction de l’identité féminine, ses réalisations ont été exposées à plusieurs reprises tant au provincial, au national, qu’à l’international. Rythâ Kesselring étudie quant à elle à la maîtrise en Beaux-Arts avec une spécialisation textile à l’Université Concordia. Son travail se penche sur la relation entre la matière textile, les rythmes de l’artisan et le monde sonore. Depuis la mi-avril, le duo, qui n’avait jamais collaboré auparavant, a travaillé à distance afin de concocter leur projet. Les deux ont uni leurs connaissances afin de présenter une œuvre qui répond à la thématique. Depuis le dimanche 11 juillet, elles ont travaillé d’arrache-pied afin d’être prêtes pour le début de la Biennale le jeudi 22 juillet. Avec peu de temps devant elles, le binôme a réalisé leur projet dans le parc des Trois Bérets. « C’est intense! Nous, on avait quand même eu le temps de cogiter un tout petit peu avant. Mais, il y en a qui sont arrivés et qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient », mentionne Paméla Landry.

L’œuvre du duo met de l’avant un tissu fabriqué 100% en lin et qui prend vie en tournant une manivelle à l’aide d’un mécanisme situé derrière la toile. Le Cercle des fermières de Saint-Cyrille-de-Lessard a prêté un métier au binôme afin de réaliser le tissu. Un total de 2 784 fils ont été enfilés pour sa conception. « On pensait beaucoup à l’eau, faire quelque chose qui bouge, donc peut-être faire un tissu qui bouge. Avec le temps, ça l’a changé, mais l’idée du tissu ondulé est resté. C’est un mécanisme placé en arrière qui l’anime», raconte Mme Landry. Un patio a été mis en place et un petit banc permet aux gens de s’assoir. Il est d’ailleurs possible de vivre l’œuvre sous différents angles. Lorsqu’il leur a été demandé de présenter leur travail en une phrase, elles ont répondu : « Jouer du métier! » faisant allusion à l’objet, à l’emploi, etc.

Innover dans le textile Selon Mme Kesselring, l’idée était de bien représenter le côté innovateur d’Émélie Chamard. « Elle innovait beaucoup au niveau du tissage et nous, on a un peu pris cette idée d’innover encore et d’aller dans une autre direction. Le textile peut être amené dans plusieurs directions et animé par toute sorte de mécanismes», explique cette dernière. Mme Landry a été capable d’incruster l’identité féminine dans le projet : « Tisser, c’est beaucoup par rapport aux femmes et ce que je trouve intéressant, c’est que deux filles qui travaillent ensemble, dont une qui modifie la tradition dans le métier à tisser et ensemble, elles ont fait quelque chose d’un peu inusité avec la mécanique, la structure, etc. ».

Cinq duos à la base de la programmation Le conseil administratif de la Biennale a sélectionné différents artistes à travers la province qu’ils ont jumelés afin de collaborer. « Notre programmation principale, ce sont des duos qui proviennent de parcours assez différents qu’on agence et ça crée une œuvre qui se distingue tout à fait de leur pratique respective à chacun, donc des surprises en général, c’est ce qui apparaît dans cette production », affirme le président de la Biennale, Charles Robichaud. L’objectif de la programmation était d’ouvrir l’esprit des visiteurs qui viennent à la Biennale. M. Robichaud mentionne d’ailleurs que le CA a déjà quelques idées pour la prochaine édition.