Mélissa Officinalis a initié un cours de tannage de peau de manière ancestrale dans les dernières semaines à Sainte-Louise. Au total, cinq participantes se sont présentées sur les lieux pour vivre cette expérience d’autrefois. Le but de l’exercice: transmettre le savoir-faire et apprendre comment créer son propre cuir, sans les effets négatifs liés au cuir industriel.
Mme Officinalis exerce cette pratique depuis environ un an. Elle a appris son savoir d’un mentor, expérimenté depuis 25 ans. L’initiatrice du cours fait partie du groupe « Les Néo-Anciens », un collectif d’artisans passionnés par les savoirs ancestraux et traditionnels. Leur mode de vie est basé sur la simplicité et la proximité avec les éléments.
Ainsi s’est-elle donné pour but de transmettre son savoir afin de freiner l’utilisation de cuir industriel en alternant avec la création de son propre cuir. « J’avais envie de partager le savoir-faire puisque c’est un savoir qui est perdu, surtout au Québec », explique Mme Officinalis.

Elle précise qu’il s’agit d’un processus ancestral où tout est fait à la main. C’est notamment une façon d’utiliser l’animal dans sa totalité dans un contexte de chasse. La peau n’est pas perdue, mais bien transformée. « Je vais valoriser la peau et la récupérer », indique l’instigatrice. Une fois la peau nettoyée, commence la fermentation. Elle procède ensuite à différentes étapes de préparation et poursuit en débutant le tannage avec des produits naturels. « En industrie, ils vont utiliser des produits et de la peinture chimiques, le tout fait avec des machines. Moi, je fais tout à la main et c’est beaucoup de travail. »
Mme Officinalis souhaiterait à l’avenir partager son savoir avec les chasseurs. « Si tu as la bête, pourquoi ne pas apprendre à faire encore plus que juste prendre la viande?»
Elle annonce déjà qu’un prochain cours se tiendra au printemps.
Cinq jours
Réaliser une peau de A à Z peut prendre jusqu’à cinq jours de travail. Lors du cours, chaque personne disposait d’une peau. Elles ont procédé à l’assouplissage, d’une durée de 12 heures suivant le tannage, et, une fois terminé, les peaux ont été boucanées. « Chaque personne est repartie avec sa peau et on a même fait un petit atelier de couture du cuir».
« Elles ont réalisé que c’était plus de travail qu’elles ne pensaient, mais elles étaient tellement satisfaites une fois le tout terminé!», ajoute-t-elle. Aujourd’hui, peu de personnes au Québec pratiquent le tannage ancestral, la majorité vivant dans la communauté autochtone.
« De nos jours, on a tout un peu trop facilement. On achète quelque chose, sans connaître les produits à l’intérieur. Alors, le fait de revenir à la base à l’ancienne nous permet de nous sentir valorisés à travers ça », explique Mme Officinalis.
Durant la formation, les gens étaient logés dans des tentes de prospecteurs et les soupers étaient inclus. Ils ont eu droit à des festins de soirée aux Jardins Herencia à SainteLouise. Les plats étaient cuisinés avec légumes, légumineuses et fruits des jardins, en plus de la viande provenant des chasseurs.