19 avril 2024

Les employés de Bombardier lancent un cri d’alarme

Confrontés à la possibilité de perdre le contrat de VIA Rail qui annonçait récemment son intention de confier à l'entreprise allemande Siemens la fabrication de 32 nouveaux trains bidirectionnels pour desservir le corridor Québec-Windsor, les travailleurs de Bombardier ont interpellé le gouvernement fédéral en manifestant jeudi dernier devant l’usine de La Pocatière.

Après avoir échappé 212 voitures du Réseau express métropolitain aux mains d’Alston en avril dernier et 24 wagons de l'Agence métropolitaine de transport au profit de la China Railway Rolling Stock Corporation en mai 2017, la perte de ce contrat d’un milliard$ constituerait un troisième échec d’importance en un peu plus de 18 mois.

L’absence de contenu canadien choque les membres du Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière–CSN (SEBLP): «Alors que nous revendiquons un minimum de 20% à 30% de contenu local, il est désormais clair que si VIA va réellement de l'avant avec la compagnie Siemens, il n'y aura aucun contenu canadien dans ce projet pourtant financé à 100% par nos taxes et impôts» déplorait M. Claude Michaud, président du SEBLP, en s’adressant aux manifestants.

«Quand une société publique canadienne confie un contrat d'une telle valeur à une entreprise étrangère, c’est nos familles, nos amis, nos concitoyens qui en paient le prix. Tous ces contrats publics qui nous ont récemment passé sous le nez et qui seront réalisés à 100% à l'extérieur du pays représentent des centaines d'emplois directs et indirects qui ne verront jamais le jour dans notre région» ajoutait Mme Nancy Legendre, présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN.

Soutien de Généreux

À la Chambre des communes, le député Bernard Généreux a pris la parole pour dénoncer le manque de volonté du gouvernement de Justin Trudeau à défendre adéquatement les travailleurs canadiens: «Les travailleurs de Bombardier Transport ont manifesté pacifiquement afin de démontrer qu’ils ont la capacité, l’expertise, la passion et la détermination nécessaires pour construire les futures voitures de Via Rail. Mais le ministre des Transports s’en lave déjà les mains, se cachant derrière le libre-échange. Or, l’entente que le Premier ministre vient de signer avec Donald Trump permet encore aux États-Unis d’exiger que les trains Amtrak soient faits aux USA. Pourquoi les libéraux ont-ils été si vite à tout donner sans rien demander pour les régions canadiennes?».

À la réponse de M. Marc Garneau, ministre des Transports, qui soutient que le Canada doit respecter les règles internationales et les traités de libre-échange en n’accordant pas de privilèges particuliers aux compagnies canadiennes, M. Généreux réplique que le fédéral devrait insister pour que les mesures protectionnistes mises en place par les pays étrangers soient éliminées avant de conclure toute nouvelle entente de libre-échange.