21 avril 2024

Une aventure sonore sur le NGCC Ernest Lapointe

Le Musée Maritime du Québec présente sa nouvelle exposition : Brise-glace : immersion sonore dans l’univers du Ernest Lapointe. L’artiste sonore Caroline Gagné transporte les visiteurs à bord d’un voyage sur le brise-glace à vapeur qui naviguait le Saint-Laurent de 1941 à 1978. Le projet s’inscrit dans le contexte de la mise en œuvre d’une mesure du Plan culturel numérique du Québec. Dès son arrivé dans l’équipe du Musée Maritime du Québec situé à L’Islet à l’automne 2016, Sophie Royer est frappée par le silence qui l’entoure lors d’une visite sur le NGCC Ernest Lapointe. « Ce silence là m’a tout de suite marquée, explique-t-elle. Habituellement, quand on marche sur un bateau, ça vibre et ça gronde. Il n’y avait plus de vie. » Elle commence donc à penser à un montage sonore qui permettrait de ressentir l’expérience d’un voyage sur le bateau. Mme Royer deviendra chargée de projet. Par l’entremise d’une connaissance commune, elle rencontre l’artiste sonore Caroline Gagné qui réside à Saint-Jean-Port-Joli depuis 2013. Le duo est alors formé et elles commencent à travailler sur l’exposition. Mme Gagné est originaire de Québec. Son œuvre CARGO, créée à partir d’une traversée de l’Atlantique en cargo, lui a valu un prix d’excellence des arts et de la culture de la Ville de Québec. Elle accepte ce nouveau défi de redonner vie au Ernest Lapointe. « Ce n’est pas un documentaire, c’est vraiment l’esprit du bateau. C’est tout ce qui entoure la vie maritime hivernale d’un brise-glace », explique l’artiste.

La directrice générale, Marie-Claude Gamache, est d’avis que cette immersion sonore complète bien les nombreux éléments visuels qu’offre le musée. « C’est une nouvelle façon de découvrir le patrimoine maritime. Ce n’est plus seulement à travers l’objet. On s’assois dans le fauteuil puis on s’ouvre et on laisse son imaginaire s’engager dans la composition de Caroline. Les gens peuvent se laisser transporter par l’expérience et par le ressentit. »  L’artiste ajoute que certains sons qu’elle a utilisés comme des bruits de téléphone et certains accents n’existent plus aujourd’hui et qu’une telle exposition est une occasion parfaite de partager ce patrimoine sonore. L’exposition est temporaire, mais sera disponible au moins deux ans afin de laisser le temps aux gens de la découvrir. Une collaboration audacieuse Mme Gagné se dit également très heureuse de la dynamique différente qu’elle a pu vivre lors de la création de cette œuvre. Elle travaille la plupart du temps seule. C’était la première fois qu’elle s’associait à un musée. Elle explique que ces institutions souhaitent rarement collaborer avec une artiste. « Je trouve audacieux de la part du musée de s’associer avec une artiste. » La directrice générale, Mme Gamache, admet qu’il y a une part de risque dans ce type d’union, mais que l’établissement a choisi de faire entièrement confiance. « C’est un acte de confiance et de carte blanche. La démarche artistique de Caroline est forte et son travail me touche beaucoup. On ne peut pas mettre un artiste dans une petite boite, il faut lui laisser carte blanche pour avoir un tel résultat. Ce n’est pas évidant d’accepter de ne pas tout contrôler pour une institution »

Une recherche de sons aux quatre coins de l’Amérique Ce projet a été réalisé dans le contexte de la mise en œuvre d’une mesure du Plan culturel numérique du Québec. « Un des objectifs est l’appropriation du numériques. Au total, 124 sons forment la sonothèque finale qui est disponible sur le SoundCloud du Musée Maritime, bien que ce ne soit pas l’entièreté de ceux-ci qui se retrouve dans le mixage final d’environ 40 minutes qui est présenté au Musée. Tous les sons peuvent être téléchargés et utilisés librement. Parmi ceux-ci, on retrouve des sons de vents enregistrés sur le bateau lors de tempêtes, des bruits de glaces, du code morse, des enregistrements pris lors d’une reconstitution sur un bateau similaire fait en 1981-82, etc. Toutefois, certains sons étaient plus difficiles à obtenir que d’autres et ont nécessité plusieurs collaborations, le son du moteur notamment. Mme Royer a fouillé le web à la recherche d’un bateau aillant un moteur similaire au Ernest Lapointe encore fonctionnel quelque part. Elle en a finalement trouvé un à Baltimore dans le Maryland au États-Unis, mais c’est un bruiteur de Los Angeles qui lui fournira le son de ce navire. Le projet a donc permis de réunir les talents de gens provenant des quatre coins de l’Amérique.