La Force de réserve des Forces Armées Canadiennes (FAC) a invité le Journal à l’accompagner lors d’un exercice de tir de canon sur la base militaire de Valcartier. Voici comment se déroule une journée dans la peau d’un artilleur sur un exercice de ce genre.
Des exercices dans ce style, il y en aurait environ trois par année. Plusieurs artilleurs présents ont expliqué au Journal comment le tout se déroule.
Le tir de canon se fait soit de manière directe ou indirecte. Le 18 mars dernier, les artilleurs tiraient de façon indirecte, c’est-à-dire qu’ils ne voyaient pas l’endroit où le l’obus tombait après le tir. Des calculs de reconnaissances sont utilisés afin de déterminer les paramètres qui permettront d’atteindre la cible désirée. Quelqu’un placé dans un poste d’observation qui a une vue sur l’endroit où devrait tomber le projectile confirmera si la cible a été atteinte ou si le canon doit être réaligné.
Afin de protéger les artilleurs, les protections auditives sont obligatoires. D’ailleurs, la sécurité et le respect des règles sont très importants sur ces exercices et avant le début de chacun d’entre eux, les consignes générales reliées au tir de canon et à l’exercice sont rappelées à tous, généralement par l’officier de sécurité de la position de tir. Peu importe le nombre d’exercices auquel un artilleur a participé dans son parcours militaire, il devra réécouter les règles. Les FAC souhaitent ainsi diminuer le plus possible les dangers reliés à cette activité.
Les artilleurs commenceront par marquer l’emplacement où sera placé le canon qui fut préalablement déterminé par la reconnaissance. Des véhicules transportent finalement l’équipement sur place.
Les obus qui seront tirés sont ensuite assemblés, car ils arrivent aux canons en plusieurs morceaux. Grâce à la façon dont elles sont conçues, il y a très peu de risques d’explosion avant que le tout soit à l’intérieur du canon. Des charges seront placées à l’intérieur selon la force que les artilleurs ont besoin de donner pour propulser l’obus. Les charges non utilisées lors de ces exercices sont placées dans des contenants sécurisés afin d’être récupérés.
Plusieurs artilleurs ont un rôle différent autour du même canon. Certains s’assurent qu’il est bien enfoncé dans le sol, d’autres qu’ils pointent dans la bonne direction, etc. Une personne a toutefois un rôle critique, le chef de pièce. Cette personne a reçu des cours spéciaux et est responsable du canon qui lui est assigné. Il doit aussi superviser l’équipe autour de lui. Il est celui qui reçoit les ordres et celui qui donne le signal. Tant qu’il ne le donne pas, personne ne tire.
Lorsque le chef de pièce crie « feu », il suffît de tirer sur le cordon tire-feu et BOOM, l’obus décolle tellement vite qu’il est difficile de l’apercevoir.
Des connaissances importantes
Chaque hiver, des artilleurs se rendent dans l’Ouest canadien afin d’assister les experts de Parcs Canada lors des avalanches provoquées à l’aide de tir d’artillerie. Cela vise à contrôler la menace éventuelle pour les couloirs de transport comme les voies ferrées. Dans des contextes protocolaires, l’artillerie fait des tirs de salut avec des munitions à blanc. Cela se déroule souvent à la Citadelle de Québec pour des journées importante comme le jour du Souvenir et la fête du Canada. Les acquis gagnés lors des exercices sont donc utilisés fréquemment.
Le but de ces pratiques est aussi de préparer les artilleurs à l’éventualité de devoir utiliser l’équipement rapidement. Bien que l’exercice dure plusieurs heures dans le champ de tir, l’équipe pourrait normalement s’installer et être prête à tirer en une dizaine de minutes. Il est aussi prévu que les artilleurs puissent tirer dans la plupart des situations. En effet, la majorité des instruments sont toujours opérationnels en cas de panne d’électricité. Les calculs manuels auraient une marge d’erreur un peu plus grande, mais ils seraient tout de même assez précis.
La technologie sur les canons aurait peu évolué depuis la Deuxième Guerre mondiale. Bien qu’il en existe de plus sophistiqués, ceux utilisés lors de l’exercice fonctionnent encore avec des manivelles, une qui fait bouger la bouche du canon à l’horizontale et une à la verticale et l’on vise l’instrument d’alignement à l’aide d’une lunette.