Une différente semaine, un autre scandale qui éclate à Hollywood. Mais cette fois-ci, les accusations portées contre Sean
« Puff Daddy » Combs, alias « Love », sont d’une gravité qui n’a rien à voir avec les cas d’inconduite des Morin et Lacroix des dernières années.
Puff Daddy est un rappeur, un producteur, un homme d’affaires et un propriétaire de maisons de disques qui a représenté les plus importants artistes hip-hop et pop des trois précédentes décennies. Il a également investi dans plusieurs grandes marques de vêtements et d’alcools américaines. Sa valeur nette est estimée entre 800 millions et un milliard de dollars. Il possède de nombreuses résidences à travers le monde, un jet privé, mais aussi des armes à feu
trafiquées et 1000 bouteilles de lubrifiant qui ont été saisies à sa demeure. Il a été le mentor de Justin Beiber, et l’époux de Jennifer Lopez au tournant du millénaire. Bref, c’est un roi dans l’industrie du divertissement.
Or, il a été arrêté il y a quelques semaines pour faire face à des inculpations pour les moins dégoûtantes. Parmi les faits qui lui sont reprochés, on le poursuit pour avoir abusé de femmes et d’autres individus des plus viles manières, de les avoir menacés, contraints et agressés. Il est également accusé d’activités de traite de personnes, de travail forcé, d’enlèvement, de corruption et d’entrave à la justice. Essentiellement, depuis 2008, il aurait orchestré des « Freak Offs », soit des soirées festives où il mettait en scène des dames, les obligeant par tous les moyens — violence, drogues, promesse, argent — à avoir des relations sexuelles
tordues devant lui avec de nombreux partenaires prostitués.
Il aurait filmé ces orgies pour contraindre à nouveau ses proies à y participer, à défaut de quoi il diffuserait ces enregistrements. Fait pour le moins particulier : il est aussi accusé d’avoir exploité une organisation criminelle, car il aurait utilisé les
ressources humaines et financières de ses compagnies pour faciliter ou camoufler ses gestes. Depuis son arrestation, plus de
120 victimes se seraient manifestées, dont des mineurs. Bref, il appert qu’il est un salaud de la pire espèce.
Malgré le fait que depuis le mouvement #MeToo, le consentement fasse partie de l’éducation populaire, je crains que le message ne passe pas. D’ailleurs, dans mon ancienne vie d’avocat criminaliste, j’ai toujours été stupéfait de constater qu’un concept si simple soit si difficile à comprendre pour certaines personnes. En matière de consentement, tant ce n’est pas un « oui », c’est un « non ». L’assentiment doit être libre et éclairé, c’est-à-dire sans force ni menace, et sans pression extérieure exercée par un amant en se basant sur son statut, son rôle ou sa position dans la communauté.
Les relations de pouvoir entre les deux partenaires sont intrinsèquement liées à cette notion. Celles-ci sont présentes dans notre vie quotidienne, et victimisent particulièrement les plus vulnérables de notre société, même en Côte-du-Sud. Par exemple, imaginez-vous sérieusement qu’une
travailleuse étrangère occupant un poste d’aide-ménagère est en position de refuser les avances charnelles de son patron véreux ? J’en doute fort. Pensez-vous vraiment qu’une personne intoxiquée par la drogue est en mesure de dire clairement « oui » à une interaction sexuelle ? Encore une fois, ma réponse est non.
Même si nous n’existons pas dans le monde glamour des stars et des célébrités d’Hollywood, nous sommes tous susceptibles d’avoir notre consentement vicié, car il n’est pas libre et éclairé. C’est la nature même des relations d’autorité que nous expérimentons tous les jours avec les acteurs de tout acabit que nous rencontrons. Et notre rôle dans cette dynamique peut changer en fonction de nos différentes relations. Il est donc notre devoir collectif d’être conscients de cette relation de pouvoir, de ces iniquités, de les reconnaître et d’agir en conséquence.
Je n’ai jamais compris l’obsession maladive de certaines personnes pour les plaisirs intimes, pour lesquels ils sont prêts à tout, y compris détruire des vies pour obtenir satisfaction. L’amour est beau au moment où il est partagé, ouvert, attentif et réciproque, et non lorsqu’il est imposé à l’autre en violation de son consentement.