
Luna Caballera tire sa révérence à cause des assurances

Alors que plusieurs organismes culturels se disent en difficulté pour des raisons financières dans les dernières années, c’est au tour de la troupe de cirque équestre de Notre-Dame-du-Rosaire, Luna Caballera, de tirer sa révérence. Il s’agit toutefois d’une autre raison particulière qui l’oblige à mettre fin à ses spectacles : aucune compagnie ne veut assurer la troupe.
Depuis plus de 25 ans, Luna Caballera offre des spectacles de cirque équestre combinant chevaux et acrobates. Présentement installée à Notre-Dame-du-Rosaire, la troupe accueille plusieurs centaines de spectateurs par été pour sa présentation annuelle dans une clairière spéciale aménagée pour les spectacles.
La directrice artistique, Marie-Claude Bouillon, a récemment annoncé devoir mettre fin à ses activités, car la compagnie d’assurances avec laquelle elle faisait affaire depuis les 25 ans, Essor Assurances, ne peut plus lui offrir ses services. Elle note que la situation devenait d’ailleurs de plus en plus compliquée dans les dernières années avec de plus en plus de restrictions, comme les espaces plus grands demandés entre l’aire de jeu et le public, l’interdiction de feu lors des spectacles, etc. Toutefois, même en faisant des modifications aux spectacles, la compagnie ne veut maintenant plus du tout assurer la troupe.
Mme Bouillon affirme avoir fait des demandes à une quinzaine d’entreprises québécoises, dans les deux derniers mois, pour obtenir une nouvelle police d’assurance, mais elles sont toutes revenues négatives. Elle nomme PAL assurance, Intact Événements, Group assur, CHES special risk, Premier insurance, Chubb, TSW, J Gérard Fortin, AON, Lloyd’s, Vézina, BFL Équestre, Profescau et HCH, parmi la compagnie qui lui ont affirmé ne pas être en mesure de lui offrir leurs services. La directrice artistique explique que sa troupe semble tombée entre deux catégories de spectacles qui permettent aux entreprises de la refuser. Elle précise que les compagnies qui offrent des services aux troupes de cirque ne veulent pas l’assurer à cause de la présence des chevaux alors que les entreprises du domaine équestre refusent la demande à cause de l’aspect cirque.
« Je n’aurais jamais pensé devoir arrêter à cause des assurances. C’est infiniment frustrant, surtout qu’en près de 30 ans, nous n’avons eu aucun accident qui pourrait justifier ces refus et nous n’avons jamais entendu parler d’un incident ayant pu survenir dans une autre organisation », souligne Mme Bouillon. Elle affirme également connaitre plusieurs compagnies européennes qui offrent ce genre de spectacles sans problème.
Pour le moment, Mme Bouillon dit prendre un temps d’arrêt pour réfléchir à l’avenir. Elle garde espoir de pouvoir trouver une nouvelle façon de fonctionner qui répondrait aux demandes des assureurs, mais elle ne voit pas d’option qui lui permettrait de faire des présentations prochainement. « Pour le moment, je ne sais pas trop ce que nous allons faire pour la suite. Est-ce qu’on peut trouver une autre manière de fonctionner ? Une autre façon de s’exprimer artistiquement avec les chevaux? [...] Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais quand je regarde derrière, mon cœur est rempli de fierté et de reconnaissance. »


