Depuis deux ans, Ebly est devenue la meilleure amie de plusieurs enfants soumis à la Protection de la jeunesse (DPJ) de Montmagny. La Labernoise âgée de trois ans occupe un poste très important: celui de soutenir émotionnellement les jeunes dans les épreuves qu'ils ont à traverser durant leur processus judiciaire. Des pouvoirs super magiques! Ebly a un don très spécial: elle apaise l'anxiété. Elle a été formée spécifiquement pour calmer l'enfant et faire de sa présence une expérience positive. En fait, dès qu'elle l'aperçoit, elle ressent ses émotions. Lorsqu'elle discerne un sentiment négatif, elle se dirige automatiquement vers lui. Avec ses yeux remplis de compassion, elle lui adresse un regard et d'un petit coup de tête ou de patte lui sollicite un câlin. Sa technique est infaillible et sa position de travail, adorable: couchée sur le dos... les quatre pattes en l'air! Faire tomber les barrières Ebly est là grâce à Isabelle Fournier, intervenante sociale à l'application des mesures à la DPJ de Montmagny. Elle entre en jeu après l'étape du signalement, de l'évaluation et du jugement. Elle s'occupe du suivi dans les familles et intervient lors de mesures imposées. Ses responsabilités l'amènent à affronter plusieurs défis au quotidien. Malgré la complexité de son travail, Mme Fournier se concentre sur l'essentiel. " C'est un travail très gratifiant parce qu'on "fait la différence" dans la vie de nos cocos." Mme Fournier a toujours cru au pouvoir animal, jusqu'à décider de suivre un cours en zoothérapie en 2019. L'idée d'intégrer un chien à ses pratiques de travail est devenue pour elle une révélation. "J'étais convaincue que ça pourrait vraiment aider les enfants lors de mes interventions, surtout celles ayant un effet anxiogène." Après six mois de travail acharné à faire ses propres démarches, sa persévérance lui a permis de faire tomber toutes les barrières du système et c'est en 2020 qu'elle a réussi à convaincre la direction du CISSS de Chaudière-Appalaches d'enfin accueillir Ebly au sein de son établissement. Elle est actuellement le seul chien de soutien en DPJ dans tout l'est du Québec. Une aide inestimable Le soutien moral qu'apporte Ebly aux enfants - souvent victimes de trauma - est sans limites. Autant elle réussit à calmer les crises de larme, les peurs et les colères... autant on l'utilise dans un système de récompense. Parce exemple, Mme Fournier témoigne du fait qu'un jeune éprouvait des difficultés importantes à l'école et dans sa famille d'accueil. Pour l'encourager à améliorer son comportement, elle lui a suggéré "Si tu fais dix belles journées, tu vas pouvoir promener Ebly à l'extérieur..." Croyez-le ou non, ça fonctionne! Autre situation: Isabelle devait annoncer à un enfant que son papa ne s'était pas présenté, encore une fois, à la rencontre sans contact prévue avec elle. Habituellement, la petite fille tombe en état de désorganisation total et se met à hurler en devenant violente, si bien qu'un agent de sécurité doit intervenir. "Lors que je lui ai annoncé la mauvaise nouvelle, elle flattait Ebly et n'a pas vraiment réagi." Après qu'Isabelle lui ait fait part de son étonnement quant à sa réaction, l'enfant a répondu: "Je ne vais pas crier parce que je vais faire peur à Ebly". La chienne Mira a aussi accompagné des enfants appelés à témoigner au tribunal de la jeunesse... parfois contre leur propre parent. On s'imagine assez bien le niveau de stress! Elle a pu être tenue en laisse durant tout le procès. La chienne a posé son museau sur leurs genoux et donné des signes d'empathie et de soutien lorsqu'elle sentait que l'enfant en avait besoin...
Certains enfants avouent même avoir hâte à leur prochaine rencontre avec l'intervenante pour voir Ebly... alors que d'habitude ce n'est pas ce qu'ils préfèrent!Une équipe du tonnerre Isabelle Fournier s'est tournée vers l'organisme Mira, puisque leurs chiens sont les seuls animaux à être admis dans les tribunaux et les établissement gouvernementaux du Québec. Ordinairement éduqués et attribués gratuitement aux personnes souffrant d'un handicap, seule une dizaine de chiens sont assignés annuellement pour des projets spéciaux tels que celui-ci. Ebly est formée en tant qu'assistante-guide d'enfants autistes et a reçu une spécialisation en soutien émotionnel. Investissement personnel Il est étonnant d'apprendre qu'Isabelle Fournier a dû assumer personnellement l'achat de ce chien pour la DPJ. "On parle d'un montant de 25 000 $ et je crois même que le prix s'élève à 35 000 $ maintenant". Chaque semaine, la mère de famille doit également payer sa nourriture, sans compter les autres frais liés au toilettage par exemple. "Je dois continuellement chercher des partenaires pour m'aider à trouver des sous." s'indigne la jeune femme. Outre l'aspect financier, Mme Fournier s'est engagée à s'occuper d'Ebly 24h/24. Elle l'accompagne donc dans tous les aspects de sa vie en dehors du travail. Un dévouement hors norme que la jeune femme admet avec humilité." La première année d'existence de ce projet-là vient me confirmer que j'avais raison... Ebly nous surprend de jour en jour!" Selon elle, cet investissement personnel était sa seule option pour réussir à convaincre la direction - donc le ministère - de donner l'aval à ce projet pilote. Vers la reconnaissance Encore à ce jour, Isabelle Fournier travaille à faire reconnaitre le travail d'Ebly dans son milieu. Une étudiante à la Maîtrise en service social documente actuellement les résultats du projet pilote afin de soutirer des données probantes. Le but ultime: faire reconnaitre les bienfaits d'un chien de soutien émotionnel dans les DPJ à la grandeur de la province. Pour aider Mme Fournier à maintenir son projet, il est possible de faire un don auprès de la Fondation jeunesse du CISSS de Chaudière-Appalaches https://www.fondationjeunessechaudiereappalaches.com/projet-porteur/chien-dassistance-emotionnel/
Articles reliés