On se souvient de Gaëtane Corriveau, cette Magnymontoise qui avait fait l'actualité en mars 2020 alors qu'elle avait vécu un double attentat lors d'une mission canado-tunisienne. En plus d'avoir été témoin d'une attaque terroriste commise envers l’ambassade des États-Unis, elle avait dû quitterpromptement le pays après l'événement puisque l'état d'urgence mondial avait été déclaré en raison de la pandémie. Encore aujourd'hui, Mme Corriveau poursuit son travail pour le Groupe Femme, Politique et Démocratie à titre de politologue, formatrice et conceptrice du Défi parité+ EDI, projet également en cours de réalisation à la Ville de Montmagny. Votre Journal l'a récemment rencontrée à son retour de Tunis alors qu'elle a décidé de retourner sur le terrain pour une 2e mission... au nom de la parité et de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Retour sur le terrain Cette mission canado-tunisienne se veut la suite du projet auquel contribue Mme Corriveau depuis 2019 : le programme pour un leadership municipal inclusif (PLMI), mis en œuvre par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et CILG INTERNATIONAL. Elle y a été invitée par la FCM pour accompagner le Réseau des femmes élues municipales tunisiennes, rencontrer des groupes de femmes et donner diverses formations en leadership féminin afin de les accompagner dans leur cheminement personnel et politique. Bien que son travail ait été abruptement interrompu dans sa première phase, la politologue a pu poursuivre sa mission à distance. Cette année, elle s'est rendue sur le terrain afin de constater les actions mises en œuvre depuis 2018 au plan local et national et ainsi constater l'évolution de la place et de la contribution des femmes tunisiennes en politique. Tant qu'il y a de l'espoir Après sa visite dans quatre des huit municipalités (communes) participant au PLMI, Gaëtane Corriveau se dit impressionnée par tout le travail effectué sur le terrain. "Je suis fière de ce que j'ai vu!" s'exclame la politologue arrivée sur les chapeaux de roue et encore en plein décalage. Elle rappelle que le financement est assuré par Affaires Mondiales Canada (AMC) : "C'est notre argent, nos impôts... je suis contente de constater que malgré la COVID, ils ont livré la marchandise!" se réjouit-elle. Mme Corriveau est surtout remplie d'espoir "J'ai vu des femmes fortes et résiliantes. Elles ont traversé une longue route parsemée de difficultés et de défis à surmonter…ça les a forgées. Elles s'en sortent enrichies, même avec si peu de ressources..." Encore du chemin à faire Rappelons que depuis la Révolution de 2011, la Tunisie vit des avancées majeures pour les droits civils et politiques des femmes. Une révision de la constitution a d'ailleurs mené à l’intégration de certaines dispositions juridiques aidant les femmes à accéder à la démocratie, telle une obligation à atteindre la parité de candidatures aux sièges lors d’élections municipales. Il y a encore du chemin à faire, notamment en ce qui concerne l'accessibilité aux postes de mairesses. Une ombre demeure au tableau, Kaïs Saïed, le Président tunisien actuellement en poste, a rédigé un décret présidentiel "qui aurait comme impact de faire reculer tout le travail des femmes jusqu'à maintenant". Par exemple, une exigence parlementaire de 400 parrainages (appuis) pour qu'une candidature soit éligible aux élections. "Ça constitue un obstacle énorme qui défavorise complètement les femmes!" s'insurge Mme Corriveau, rappelant les régime patriarcal et dictatorial auxquels les femmes tunisiennes ont été soumises. La politologue suivra de très près les élections législatives tunisiennes prévues en décembre puisque les enjeux sont énormes pour la cause qu'elle défend.