23 avril 2024

Le Centre des Migrations: des citoyens exigent des réponses

Lors de la séance publique du conseil lundi soir dernier, la 2e du mois qui est non-télévisée, les élus de Montmagny ont déposé officiellement le projet de règlement décrétant une dépense et un emprunt de 3 150 000$ pour l'agrandissement et la rénovation du Centre des migrations, qui s'appellera dorénavant le Pavillon multifonctionnel. Cette volonté de l'administration du maire Rémy Langevin de réaliser ce projet avait été annoncée vendredi dernier en conférence de presse, permettant depuis la diffusion d'une vidéo explicative sur les réseaux sociaux. Informés au sujet du dépôt de cet avis de motion, une quinzaine de citoyens se sont déplacés pour assister à l'assemblée et bon nombre d'entre eux ont profité du moment pour questionner le maire sur différents aspects de ce projet d'envergure. Taxés ou pas? Alors que le maire affirmait que cette réfection s'inscrivait dans le cadre d'une démarche normale d'immobilisations annuelles et qu'il n'y aurait aucune incidence sur le compte de taxes des citoyens, une citoyenne a pris le maire au mot.  Solange Caron est montée aux barricades en soulevant le mode de remboursement prévu pour ce projet, au point numéro 6 de l'avis de motion.  "... il sera prélevé annuellement durant le terme de l'emprunt, sur tous les immeubles imposables du territoire de la Ville, une taxe spéciale à un taux suffisant d'après leur valeur telle qu'elle apparaît au rôle d'évaluation en vigueur à chaque année. Vous n'appelez pas ça une taxe M. le maire?" s'est-elle insurgée. Le maire a alors rétorqué: "Connaissez-vous une ville qui ne fait pas de taxes pour donner ses services à sa population?". Mme Caron a poursuivi en interrogeant le maire au sujet des frais d'entretien et de gestion de location qui seront respectivement assumés par des contractuels et par la Société de développement économique (SDÉ) de Montmagny. Enfin, concernant le budget d'aménagement extérieur du site, le maire n'a pas manqué d'accrocher au passage son conseiller, M. Yves Gendreau, faisant sans aucun doute référence à son opposition budgétaire que l'on connait.

Information inaccessible D'entrée de jeu, Jean-Guy Boulet a soulevé le manque d'information publique relativement à ce projet, affiché seulement le vendredi précédant l'assemblée du conseil: " Ce n'est pas tout le monde qui est sur Internet. Vous ne l'avez même pas affiché dans le journal local!" Le maire a rétorqué que l'avis avait été affiché dans la vitrine de l'hôtel de ville. " Vous savez monsieur le maire, ce n'est pas tout le monde qui passe par ici... moi je ne savais même pas que c'était là!" M. Boulet déplore qu'à cause de ce manque flagrant de communication, les citoyens ne sont pas bien informés et se retrouvent mal préparés à poser leurs questions. Il soulève le fait que cette façon de procéder n'est pas normale.

De son côté, Robert Gendreau a demandé au conseil de jeter un oeil au bilan pro-format des revenus et dépenses du projet. M. Langevin lui a offert de faire une demande d'accès à l'information pour accéder au document. " OK, il n'y a que moi qui va l'avoir? Ce n'est pas public?" Le maire a répliqué qu'il faut en faire la demande pour y accéder. Subventions espérées? Le maire Langevin a affirmé avoir déposé, il y a six mois, une demande au Fonds pour les expériences canadiennes (FEC), un programme national qui soutient les collectivités pour la création, l'amélioration ou l'élargissement d'une gamme de produits, d'installations ou d'expériences touristiques. Celui-ci soutient aussi avoir récemment soumis une demande au programme (MADA) du ministère de la Famille qui pourrait offrir une aide financière à une municipalité désirant mettre sur pied une démarche Municipalité amie des aînés et stipule que cette aide financière pourrait atteindre les 200 000$. Enfin, M. Langevin confirme avoir déposé, quelques minutes avant la séance lundi soir, une demande auprès du palier provincial dans le programme RÉCIM (Volet 1) pour un projet d’infrastructures à vocation municipale ou communautaire. Celui-ci permettrait un financement aux deux tiers de l'investissement. Le citoyen Normand Gaudreau s'interroge au sujet des demandes de subventions qui ont été déposées. "Pour l'instant, ce sont des spéculations mais supposons que vous recevrez le financement demandé. Où ira cet argent si vous avez déjà fait l'emprunt de 3,15 M $ ?" Le maire a alors répondu:" Ça va rembourser l'emprunt... une fois que les travaux vont être terminés. Avec les subventions qu'on va avoir durant la construction, c'est là qu'on va déterminer comment on va emprunter. Le règlement d'emprunt se termine à la fin des travaux." Quant au fait qu'il n'y a pas eu de consultation publique, le maire se justifie en soulignant que les Magnymontois ont été sondés il y a plusieurs années (2008) ainsi qu'en 2018  et qu'ils demandent un accès au fleuve et une place de rassemblement. Le conseil considère que le site des Migrations est la place tout indiquée.

De son côté, Robert Gendreau se questionne sur le taux de financement de seulement 10 000$/ année. "J'aimerais ça emprunter à la même place que vous! Je n'ai jamais vu ça, vous avez pris ça où?" Le maire n'a pu expliquer, disant qu'il faudrait poser la question au directeur des finances André Lévesque, absent à l'assemblée, tout comme le directeur général Félix Michaud, retenu à une importante rencontre traitant du dossier du complexe sportif.

Étude prévisionnelle Enfin, Roger Boulet a pris la parole afin de questionner le maire à savoir si des études de marché avaient été faites concernant la rentabilité locative de ce lieu. Le maire a rétorqué : "Si on regarde ce qui se loue en dehors de la région... parce qu'on n'a pas l'infrastructure pour répondre aux besoins, si on ramène les gens qui vont à Saint-Jean-Port-Joli ou Berthier... je pense qu'on devrait être capable d'avoir une bonne rentabilité."

Référendum en vue? Un citoyen s'est enfin informé des modalités à suivre si la population souhaitait tenir un référendum pour trancher la question. Mme Simard, greffière de la Ville de Montmagny a précisé: " Des avis publics seront soumis dans les journaux et au niveau du site Internet et la signature des registres se fera le 16 décembre à l'hôtel de ville." Les réactions étaient vives sur place et tout porte à croire qu'une opposition sérieuse prendra forme envers ce projet", conclut Jean-Guy Boulet.