Alain Grenier, président de la Commission scolaire de la Côte-du-Sud (CSCS), n’en démord pas et il affiche publiquement son insatisfaction et sa colère envers le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge au sujet du projet de loi 40 visant l’abolition des commissions scolaires le 1er mars 2020. « Le ministre ne voit pas les dommages qu’il cause. Pour imager, c’est comme lorsque l’on arrache un arbre. On n’a pas conscience jusqu’où il a pu s’étendre dans son milieu. Nous avons des racines partout, en santé, dans les municipalités, etc. Avec son projet de loi, il centralise le pouvoir à son niveau mais il dit aux directions : maintenant vos écoles vous appartiennent, créez des centres de services ». Dans les faits, le ministre a toujours eu le pouvoir de réformer à sa guise les commissions scolaires, des créatures du gouvernement. Le projet de loi 40 réaffirme la mainmise de Québec sur la gouvernance scolaire. « Le projet de loi permet notamment au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur d’imposer des regroupements de services et de déterminer des objectifs ou des cibles portant sur l’administration, l’organisation ou le fonctionnement d’un ou de l’ensemble des centres de services scolaires », indiquent les notes explicatives du gouvernement. « Est-ce que le ministre est capable de me démontrer que les enfants vont mieux réussir? Pense-t-il qu’il va mieux faire réussir les élèves en confiant la responsabilité de l’enseignement dans les écoles à des parents bénévoles à leur tête? Dans ce dossier, je trouve cela injuste que le ministre Roberge et le premier ministre François Legault nous attaquent comme personnes dans leurs commentaires », a fustigé le président de la CSCS. Il précise aussi que la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) mènera de front une campagne pour faire renverser cette décision politique.
« On entend aujourd’hui un discours d’il y a 20 ans de l’Action démocratique de Mario Dumont. On a fait remiser le projet de loi 86 des libéraux après qu’il ait été voté en première lecture à l’Assemblée nationale. On fera nos représentations dans le présent dossier» -Alain GrenierÀ la présidence depuis 2007, M. Grenier considère qu’une telle implication représente un avantage car il apporte de la stabilité au réseau : « Un grand-parent peut être un actif pour une commission scolaire. Jamais je n’aurais eu le temps de consacrer trois jours par semaine dans un réseau lorsque j’élevais mes enfants. Je m’implique depuis que j’ai pris ma retraite dans ce réseau où j’ai gagné ma vie comme enseignant, animateur de pastorale et conseiller pédagogique. Je peux en parler longtemps d’éducation avec le ministre ». Il ajoute : « Pas moins de 84 lois seront modifiées. Le ministre délègue le pouvoir de gestion au directeur général (DG) qui composera avec un conseil d’établissement de huit parents, quatre représentants de la communauté plus des employés du réseau. Dans le projet actuel, le DG assurera les quatre mois de transition avant la mise en place de la nouvelle structure en vue de la prochaine année scolaire. Le ministre se donne aussi le pouvoir, par décret ministériel, d’effectuer un redécoupage territorial. » Comme en santé M. Grenier manifeste des inquiétudes, dont celle que le ministre pourrait fusionner des territoires à moyen terme comme ceux de la Côte-du-Sud à la Beauce. Il se questionne également quant aux répercussions possibles sur le budget de 120 M $ que son organisation gère. « Est-ce que le ministre fera une centralisation des services comme la taxation, le transport scolaire, les services informatiques ou les finances? Est-ce que l’on poursuivra le mandat de contribuer au développement spirituel des élèves car cet exercice ne figure plus dans le nouveau décret? Est-ce que des problématiques budgétaires mèneront à la fermeture de petites écoles? Qui deviendra propriétaire des quelque 50 bâtiments que les commissions scolaires possèdent actuellement par acte notarié? », poursuit-il. Le président rappelle que lors de la fusion des commissions scolaires en 1998, tous les contrats en lien avec les bâtiments avaient été notariés. M. Grenier accorde un pouvoir ministériel en éducation aussi puissant que celui que détient le ministre de la Santé depuis la réforme du libéral Gaétan Barrette. Il comprend encore moins pourquoi les commissions scolaires anglophones ont réussi à maintenir leurs élections, un droit qui serait enchâssé dans la Constitution.