Votre journal est allé à la rencontre d’une femme qui a quitté son pays d’origine, Israël, pour New York. Elle n’y passera toutefois que quelques mois avant de s’établir en Chaudière-Appalaches, sur les rives du Saint-Laurent. Nous tenterons de traduire ici, le plus fidèlement possible, les propos d’une ex-journaliste dont la volonté n’est autre que d’exprimer sa conception du conflit qui ravage son coin de pays et expliquer comment elle est arrivée jusqu’ici. « J’ai le sentiment d’avoir enfin trouvé ma place. Alors que je m’attendais à rencontrer de nouveaux obstacles, des gens merveilleux m’ont plutôt accueillie. » Une carrière écourtée Shely Mustaki, journaliste dans le domaine culturel, adorait son métier qui consistait à écrire des critiques cinématographiques et littéraires, notamment. Elle l’aura exercé de 2004 à 2011, année où bien des choses ont basculé sur l’échiquier international. Celle qui jusqu’alors ne se mêlait jamais de politique était aux premières loges pour prendre conscience de ce qui se tramait depuis des années au sein même de l’État. « Les médias continuaient à cacher la vérité, niant les abus de l’élite au pouvoir qui contrôlait absolument tout : l’argent, les institutions. Constatant les injustices commises envers son peuple, qui a subi un lavage de cerveau collectif, elle commence à songer au départ. Quitter ce pays qu’elle ne reconnaît plus. Partir, une décision déchirante Quitter les siens s’est avéré chose extrêmement difficile. Shely reste régulièrement en contact avec ses parents, ses deux frères et ses nièces. Elle a réussi à faire sorti son fils du pays. Elle y a mis le prix, mais le jeune homme de 26 ans vit aujourd’hui à ses côtés. Pourquoi L’Islet? La journaliste s’installe d’abord à New York en 2017. Lors d’un séjour chez une amie et collègue québécoise avec qui elle avait travaillé quelques années à Tel Aviv, elle tombe littéralement sous le charme de la Belle Province. Elle emménage alors au Québec et, par les voies du destin, rencontre un homme de la région et trouve l’amour. Mme Mustaki travaille désormais à la maison, traduisant des romans de l’anglais à l’hébreu. Elle aime tout du Québec! Sa culture, la gentillesse et la générosité de ses concitoyens, le sirop d’érable, les microbrasseries… même son climat! « J’aime le froid, la chaleur du désert est horrible! » Bon, elle est bien tombée quelques fois sur la glace admet-elle avec un sourire. Curieuse de nature, elle est avide de tout connaître de son pays d’adoption et bien sûr, elle apprend le français, s’excusant de ne pas encore bien le maîtriser. « Il y a moins de capitalisme ici, plus d’acceptation. En Israël, il y a beaucoup de racisme, d’agressivité. Il n’y a pas de culture pas d’éducation à proprement parler. On inculque la haine. Chacun entre dans l’armée, où on lui apprend qu’il est supérieur aux autres. Quelle sorte de société est-ce là? » Ceux qui n’ont pas cette conception reçoivent des sanctions. « Mes parents ne sont pas racistes, jamais ils ne fermeraient leur porte au nez d’un Palestinien! » Aujourd’hui, Shely se sent extrêmement reconnaissante envers la société qui l’a reçue à bras ouverts et les organismes tels Montmagny Accueille qui facilitent de bien des façons l’intégration des nouveaux arrivants.