23 avril 2024

Désert alimentaire: une crise sans précédent prise au sérieux

L'article "Inflation: les régions avec peu d'épiceries y goûtent" de la journaliste Valérie Lesage paru dans le Journal de Québec la semaine dernière fait réagir. Bien qu'il dresse un portrait plutôt réaliste du problème que vit actuellement les citoyens du sud la MRC, Lysanne Tanguay, directrice générale du Centre d'Entraide familiale (CEF) de la MRC de Montmagny et Élise Guimont, coordonnatrice des services alimentaires de l'organisme, ont sollicité le Journal afin de mettre en perspective quelques aspects soulevés dans ce reportage. Aide Alimentaire Mme Tanguay a d'abord sourcillé en lisant qu'aucune banque alimentaire n'existe dans ce coin de pays, soit à Saint-Fabien-de-Panet, municipalité où les témoignages et données ont été recueillis. "C'est vrai qu'il n'y a pas de pignon sur rue/comptoir là-bas... par contre le CEF assure le service pour les huit municipalités du sud depuis plusieurs années." Elle explique qu'il s'agit d'une collaboration avec La Maison La Frontière, organisme accrédité par Moisson Kamouraska qui reçoit du financement pour accomplir sa mission d'assurer le service d’aide alimentaire à la grandeur de la MRC de Montmagny. Assez près du problème? La mission première du CEF est d'aider et soutenir les familles du territoire à différents niveaux : prévention, information et éducation. L'organisme est donc bien placé pour prendre le pouls des citoyens - notamment dans le secteur sud de la MRC- car son siège social se situe à Notre-Dame-du-Rosaire. Sur le terrain, les intervenants confirment que le désert alimentaire est devenu un problème alarmant. C'est d'ailleurs pourquoi ils ont décidé de prêter main-forte à La Maison La Frontière en improvisant un petit local de dépannage alimentaire à leurs bureaux. "Avec le montant que nous accorde Centraide, on fait ce qu'on peut pour subvenir aux besoins toujours grandissants de la population..." Mais l'accessibilité à la nourriture demeure le principal défi: "Des gens dépensent 40 $ en essence pour venir ici. On cherche à rentabiliser leur déplacement en leur donnant un maximum de denrées, mais c'est parfois impossible!" s'indigne Mme Guimont. La coordonnatrice des services alimentaires témoigne aussi du fait que certains font du covoiturage pour partager les frais "mais  avec 4-5 personnes à bord d'une petite voiture, ils manquent d'espace pour ramener la nourriture chez eux!" En mode solution Est-ce que le nombre de banques alimentaires est suffisant dans les régions éloignées? Est-ce que ces comptoirs sont assez près des gens vulnérables? La Maison La Frontière s'attaque présentement au problème: "Nous évaluons différentes stratégies pour ajuster nos services, parce que les besoins ont grandement évolué dernièrement." souligne Paule Giasson, directrice générale de La Maison La Frontière. L'organisme réfléchit actuellement à ajuster son service pour le rendre encore plus accessible et déposera un plan d'action d'ici 2023. Se serrer les coudes Fait également soulevé dans l'article du Journal de Québec: la plupart des aliments offerts dans les épiceries éloignées sont plus chers qu'ailleurs en raison du transport. Au delà de cette véracité, Lysanne Tanguay aurait souhaité que leur investissement soit souligné : "Ces épiceries nous gardent leur nourriture invendue et leurs aliments plus défraichis pour qu'on puisse les redonner aux familles dans le besoin!" Elle expose qu'ils n'ont d'autre choix que d'augmenter leurs prix de vente pour maintenir leur commerce en vie, mais qu'il ne faut pas passer sous silence leur implication monétaire majeure pour aider la communauté depuis le début de la crise. "Par chance qu'ils sont là, parce que la situation serait encore plus difficile!"