24 avril 2024

Marcher pour parler…

Mercredi dernier, le Journal l’Oie Blanche a reçu une visite très spéciale. Celle d’une femme de cœur, qui a décidé d’agir pour dénoncer une situation inhumaine. Celle des pratiques abusives de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans le Grand Nord canadien. Démunie de moyen pour dénoncer la situation, elle a pris la décision de marcher pour rencontrer des gens et parler. Elle déambulera sur pas moins de 8000 km, soit le Canada entier ! Native de Magog, Lorraine Loranger se présente comme une ancienne travailleuse sociale pour les enfants qui a œuvré dans les communautés du Nord, ce qui a totalement changé sa vie. Elle a été témoin de situations cruelles et insensées. « Dans les maisons du Grand Nord, ils sont entre 20 et 25 personnes dans un 5 ½. Imaginez tout ce qui peut se passer entre ces murs… et bien c’est pire que ça, je vous le jure! » Mme Loranger prétend que lorsque des cas sont dénoncés et passent devant la Justice, les mères n’ont pas les moyens de se défendre et perdent la garde de leurs enfants à coup sûr. Ces femmes se retrouvent itinérantes, reniées de la famille et se mettent à risque de devoir payer un logis par faveurs sexuelles. Les pauvres enfants se retrouvent « charroyer » d’un foyer à l’autre. « Ça été trop pour moi lorsque j’ai connu la petite Madeline, 6 ans. Elle a subi 58 placements différents depuis qu’elle a 2 ans ! Que reste-t-il de cette fillette ? Ça n’a aucun sens…» Mme Loranger a tenté de dénoncer la situation. « Auprès des médias ? Aucun argent pour vérifier les dires. Auprès du Gouvernement ? Pour le forcer de constater qu’il est responsable de ce génocide culturel dû à l’envahissement des multinationales depuis 50 ans sur le territoire ? Qu’il manque 830 maisons pour ce peuple et qu’il y aurait un besoin pour 1330 nouveaux foyers? Jamais ! Auprès des Droits de l’homme ? On m’a répondu qu’ils venaient tout juste de sortir un rapport en 2011… et que ce n’était pas alarmant. » Dépourvue de moyen, Lorraine décide de quitter son emploi, de devenir citoyenne libre. Libre de crier la situation et d’agir pour dénoncer. Elle se réjouit que, maintenant, la seule chose qui la dirige, c’est son cœur. Depuis trois ans, Lorraine a réussi à récolter 60 000$. Son objectif étant de 400 000$ pour la construction d’une maison répit. Elle tente aussi de trouver des recettes gagnantes pour aider les mères et les enfants Inuits à vivre et surtout, être capable de dénoncer et se sortir de ces situations accablantes sans tords. De Prince Rupert en Colombe Britannique, Mme Loranger a arrêté sa marche au Journal l’Oie Blanche à Montmagny pour viser notre cœur et passer son message aux Magnymontois. Elle se dirige maintenant en Gaspésie. Pour aider la cause : www.saturviit.ca «Quinuituq» veut dire «grande patience» pour une meilleure condition de vie.