Les témoignages des experts mandatés par la poursuite établissent un rapport causal entre la mort des deux Port-joliens et la prise des stupéfiants. La déclaration de Julie Anctil montre une femme déconnectée de la réalité, une grave toxicomane. Les témoignages des familles des victimes démontrent la souffrance et le bouleversement de la perte d’un enfant. Jeanne-Marie Giard, une médecin spécialiste des maladies du foie, est intervenue auprès de Marc-Olivier Paquet, dès le premier jour de son arrivée au CHUM, soit le 16 septembre 2019. Celui-ci affichait un très mauvais bilan de santé. « Il avait déjà fait un infarctus et présentait un tableau hépatite », a-t-elle affirmé. Selon Mme Giard, la prise de MDA a engendré un effet adrénergique, faisant augmenter la température corporelle du patient à 43 degrés Celsius. « C’est comme s’il avait cuit », a-t-elle déclaré. Dès lors, la température élevée de son corps a provoqué une défaillance de tous ses organes. La situation était désespérée et les soins ont été arrêtés. Marc-Olivier Paquet est décédé le 28 octobre 2019 au CHUM. Lorsqu’interrogée par le procureur de la Couronne, Me François Doyon, Mme Giard est catégorique. Selon elle la prise de MDA (méthylène de dioxyde d’amphétamine) est directement responsable du décès. Elle qualifie le lien entre le décès et la prise de drogue de causal. À cet effet, Marie-Pierre Taillon, toxicologue judiciaire pour l’État québécois, a analysé plusieurs échantillons de sang des victimes. La concentration de MDA dans le sang de Marc-Olivier Paquet était supérieure de 20 % à une concentration dite « létale », alors que celle enregistrée à partir des échantillons d’Anthony Miville approchait du double de la concentration létale. André Bourgault, pathologiste judiciaire, a effectué l’autopsie d’Anthony Miville. Il n’a repéré aucun signe anormal pouvant suggérer une cause autre de la mort du jeune homme. Pour l’ensemble de ces témoins, l’interrogatoire de Me Doyon était guidé par une rationalité cherchant à exposer un état de fait. Celui de l’avocat de la défense, Me Michel Barette, a été succinct et tentait d’attaquer la crédibilité des experts. Julie Anctil, une toxicomane de longue date Pour tout témoignage de Julie Anctil, la Couronne a présenté la vidéo de la déclaration qu’elle a effectuée au poste de la Sûreté du Québec (SQ) de L’Islet, le 16 septembre 2019. Anctil se considère elle-même comme droguée. Elle affirme avoir été barmaid, serveuse, danseuse et relate plusieurs expériences de violence conjugale. Elle ne démontre aucune empathie pour les victimes. Elle discute même de sélection naturelle à leur propos et déclare : « ça ne me dérange pas que des imbéciles fassent des ‘‘overdoses’’ ». Lorsque cette partie de l’enregistrement joue, Anctil n’ose soutenir le regard des familles des victimes. Elle se prend la tête entre les mains et regarde au sol. La perte d’un être cher ou de bouleversants témoignages Les proches d’Anthony Miville, Marc-Olivier Paquet et Jean-Philippe Caron ont tous livré des témoignages poignants. L’atmosphère était lourde. Non seulement comprend-on que la perte d’un enfant s’avère l’objet d’une souffrance indescriptible, mais de surcroît, cela laisse des traces sans commune mesure. Des diagnostics de syndrôme du survivant, de l’anxiété, des dépressions, des idées suicidaires, des pertes financières parce qu’incapable de travailler, de la perte de poids, des chocs post-traumatiques, etc. « Une partie de mon cœur est morte en même temps que lui », a révélé une mère en pleurs.