15 avril 2025

L'autofiction d'un ex-détenu pour féminicide et d'une ex-victime de violence conjugale

Gaston Bourdages a été arrêté pour meurtre non prémédité de sa conjointe en 1989. Sylvie Croteau, de Saint-Jean-Port-Joli, a quant à elle vécu près de 20 ans de violence conjugale avec deux hommes différents. Ils ont décidé de collaborer et de combiner leurs expériences afin de sensibiliser les gens via l’écriture d’un livre auto-fictif, « Dignité piétinée. » Les deux auteurs se sont rencontrés dans un salon du livre il y de cela quelques années. Mme Croteau avoue avoir été un peu réticente lorsqu’elle a appris ce qu’avait fait M. Bourdages. Un peu plus tard, après discussions, ils ont pris la décision de débuter ce projet. « Ça parle de notre vécu. Mon vécu et celui de M. Gaston Bourdages qui a commis un féminicide en 1989. Il a tué sa partenaire. Moi, je suis victime de violence conjugale. Pas de violence physique, mais de la violence psychologique, verbale et de la manipulation financière », explique Mme Croteau. L’histoire est composée de deux personnages principaux liés à un personnage fictif. Le personnage d’Anne, incarnant Mme Croteau à un fils. Ce dernier est en prison avec le personnage Ben, qui incarne M. Bourdages. « Ça fait le pont entre les trois. L’histoire est intégrée l’une dans l’autre. » Possédant plusieurs ouvrages à son actif, l’auteure de Saint-Jean-Port-Joli mentionne avoir eu plus de difficultés à écrire ce livre. Raconter l’histoire cette histoire lui faisait en effet revivre différentes émotions et moments plus difficiles de son passé. « L’écriture à quatre mains a été très intéressante. Gaston m’envoyait ses parties à lui. Il y décrit vraiment le meurtre, son incarcération, etc. Je travaillais sur ses textes et je lui envoyais par la suite les miens. Cela a été une belle expérience, assez pour continuer.» La parution au mois d'août a suscité beaucoup de réactions dans l'entourage de Mme Croteau, dont sa famille et ses voisins surpris d’apprendre ce qu’elle avait vécu. Les deux auteurs reçoivent aussi des encouragements de la part de leurs lecteurs. Selon les auteurs, le roman permet d’effacer certains préjugés liés à ce sujet.

Prévenir la violence conjugale L’auteure souligne qu’ils ont décidé d’écrire ce livre pour plusieurs raisons, mais surtout pour dénoncer. « Même quand c’est difficile, même quand on a peur, c’est quelque chose qu’il faut faire si on veut qu’un jour ça s’arrête. » Elle mentionne aussi qu’il est souvent plus facile d’identifier la violence physique en comparaison avec de la violence psychologique, moins connue. « Je me dis que si ça peut aider une seule personne, ce sera ça de fait, parce que je dois vous avouer que je ne savais pas que c’était de la violence que je subissais. » Alors qu'elle enseignait à l’éducation des adultes à Montmagny, des intervenants sont venus parler aux élèves et ont expliqué les cinq sortes de violence conjugale. À ce moment, elle a découvert qu’il y avait un nom à ce qu’elle vivait et sur les cinq, elle en subissait trois. Elle s’est alors sortie de cette situation et s’est donné pour mission d’informer d’autres personnes afin de les conscientiser. Avec les féminicides causés par le confinement, la publication de l’ouvrage est selon elle un bon moment pour sensibiliser davantage la population. Les auteurs offriront d’ailleurs une conférence à des élèves à Rimouski pour que leur vécu soit à la fois préventif et curatif. Mme Croteau rappelle que tout le monde, peu importe son milieu, peut vivre de la violence conjugale. Une trilogie Dignité piétinée marque le premier roman d’une série de trois pour les auteurs. Le deuxième est présentement en écriture et s’appellera Dignité aux soins intensifs. Il portera sur la thérapie qu’ils ont dû effectuer causée par ces situations. Cela aura pris deux ans et demi à Mme Croteau pour dire à son conjoint qu’elle ne voulait plus vivre avec lui. M. Bourdages a aussi été suivi en prison. Le troisième tome conclura la série et se nommera Dignité retrouvée. Dignité piétinée est disponible à la libraire Livres en têtes de Montmagny et sur leur site Internet, dignitelivre.com.