15 avril 2025

Le plus jeune commandant de sous-marin de la classe Victoria

Dans la série "Nos personnalités émergeantes" nous vous présentons ce mois-ci: le commandant Éric Isabelle. À 34 ans seulement, le Magnymontois Éric Isabelle devient le plus jeune commandant de sous-marin au Canada depuis l’acquisition de la classe Victoria à la fin des années 90. Au service des Forces armées canadiennes Fils de M. Gilles Isabelle et Mme Lise Landry, Éric Isabelle a toujours rêvé commander un navireIl se souvient d'ailleurs l'avoir proclamé haut et fort devant le brise-glace du Musée Maritime du Québec à L'Islet, voisin de la maison de son arrière-grand-mère. Dès l'adolescence et ce pendant cinq ans, il fait ses preuves dans l'Escadron 853 Lions de Montmagny à titre de cadet de l'air. En 2002, il s’enrôle dans les Forces armées canadiennes. Il fréquente le Collège militaire royal du Canada et passe un semestre en échange à l’Académie navale des États-Unis. Il obtient son diplôme d’études universitaires en 2007 avec de très grandes distinctions en études militaires et stratégiques. Ensuite, il complète son entraînement naval au centre de formation des officiers de marine à Victoria, avant d’être affecté au Navire Canadien de Sa Majesté (NCSM) Frédéricton. En tant qu’officier de quart et officier de plongée du navire, il prend part aux Opérations Saïph et Ocean Shield conduisant plusieurs patrouilles contre le terrorisme et la piraterie dans le Golfe d’Aden et aux abords de la côte Est Africaine. Dès son retour au Canada, le capitaine de corvette se porte volontaire pour le service sous-marin. Sa première affectation sera à bord du NCSM Corner Brook lors de son transfert intercôtier entre Halifax et Victoria. En cours de route, il obtient sa qualification d’officier sous-marinier et participe à l’Opération Carribe, une mission contre le trafic de stupéfiants aux abords des côtes de l’Amérique du Sud. Ses prochaines missions seront en tant qu’officier de navigation et officier de combat à bord du NCSM Windsor, basé à Halifax. À deux reprises en Europe, il participe à une multitude d’exercices multinationaux et à plusieurs patrouilles opérationnelles. M. Isabelle est nommé commandant en second de ce navire en 2017, un poste qu’il occupe en Mer Méditerranée au cours de l’Opération Projection et de l’Opération de l’OTAN Sea Guardian. S'ensuivit une promotion à son grade actuel et sa sélection pour le cours de commandement de sous-marins de la Marine royale norvégienne. En avril 2019, il devient le 58e Canadien à compléter le « Perisher » avec succès et est nommé Commandant du NCSM Victoria le 6 juin. L'univers sous-marin Il existe seulement quatre sous-marins au Canada dont les bases se trouvent à Esquimalt, en Colombie-Britannique et à Halifax en Nouvelle-Écosse. Il s'agit des NCSM: Windsor, Corner Brook, Chicoutimi et Victoria. Ce dernier, aux mains de M. Isabelle, atteint les 70 mètres et 2 400 tonnes.  Le navire plonge à des profondeurs insoutenables pour un plongeur en apnée, donc bien au-delà d'une centaine de mètres. Le commandant confirme ne ressentir aucun effet d'immersion dans l'eau, ni de vagues. Il peut cependant parfois discerner certaines réactions de succion causées par les moteurs au diesel de l'appareil. Les sous-marins militaires constituent un important moyen stratégique de sécurité maritime. Les navires à long rayon d’action sont capables de fonctionner en eaux libres et leur polyvalence leur permet une autonomie pouvant atteindre 45 jours. Ils assurent notamment la surveillance des traits de côte canadiens, le soutien aux organisations maritimes d’application de la loi et aux autres ministères, la lutte au terrorisme, le soutien aux forces d’opérations spéciales et les rôles constabulaires de soutien des opérations antidrogue de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Ils peuvent aussi mener des patrouilles pour le ministère des Pêches et des Océans et des opérations d’interdiction de l’immigration illégale. D'énormes responsabilités Ne devient pas commandant qui le veut. Les intéressés doivent obligatoirement compléter le "Perisher" qui se traduit ainsi: survit ou périt. Il s'agit d'une évaluation reconnue internationalement pour son faible taux de succès. Celle-ci est précédée d'une formation de quatre mois lors desquels les candidats sont soumis à une observation constante. Dans ce cas-ci, M. Isabelle était le seul candidat, il n'a donc eu aucun répit pendant plus de trois semaines! Chacun de ses comportements, de ses actions et chacune de ses réactions à bord du navire étaient scrutés au peigne fin. Il a été appelé à prendre des décisions tactiques sous pression en manoeuvrant le sous-marin de manière sécuritaire en tout temps. Réussir le défi garantit presque aux candidats un commandement dans leur marine respective, cependant un échec représente la fin de leur carrière à bord des sous-marins. Heureusement pour Éric Isabelle, il réussit l'évaluation et devient le plus jeune commandant de sous-marin de classe Victoria. Une distinction sans précédent qui marque à son égard le début de très grandes responsabilités. En effet, le commandant Isabelle supervise maintenant une équipage de 58 personnes lors de missions en mer.

J'appelle mon équipage: mes 58 amis les plus proches!  En passant des  semaines ,   voire des mois ensemble... un équipage  devient une grande famille!  Et chaque petit coin du sous-marin a son utilité, aucun espace n'est perdu. -Éric Isabelle
Un vingtaine d'autres officiers  et marins  demeurent sous son commandement et travaillent sur la maintenance  à quai ou  en cale-sèche, un passage obligé pour l'appareil qui revient d'une mission en mer. Ces périodes   sont  nécessaire s afin d ’effectuer   l’entretien,  les réparations, les vérifications de contrôle et pour mettre à jour les nouvelles technologies. Sacrifice familial Sa famille est clairement sa plus grande fierté.  Depuis  2007, le commandant  fut affecté de Halifax à Victoria avec sa conjointe , une enseignante native  de l’Ontario Parents de Constance et William, ils attendent bientôt la venue leur 3e enfant. Il va sans dire que d'énormes sacrifices familiaux s'imposent:
Ma femme et moi   sommes  habitué s   de me voir  partir en mission  pendant de longues périodes.   De par la nature furtive des opérations effectuées par les sous-marins, dès que nous plongeons, il n’y a aucune connectivité pour les conversations privées. Ma famille et moi avons appris à profiter de notre temps ensemble lorsque je suis à la maison et à communiquer via Skype au cours de mes escales en port étranger. »
Bien que sa conjointe soit assez indépendante, ils apprécient pouvoir se retrouver l'équivalent de 180 jours/année où il travaille  à quai dans son port d’attache . ll est tout de même reconnaissant d'avoir une famille si compréhensive et veille à gérer son temps avec eux du mieux possible.