
Littératie, ruralité et développement : résultats d’analyse des besoins dans L’Islet

Sébastien Ouellet, professeur de l’Université du Québec à Rimouski et président de la Médiathèque L’Héritage de L’Islet-Sud, a dévoilé son étude d’analyse sur l’enjeu de l’éducation et de la culture de la MRC de L’Islet. À la suite des résultats d’entretiens avec des acteurs de la MRC, celui-ci a stipulé sept recommandations afin d’améliorer la situation à ce sujet. Afin de réaliser un bon portrait de la situation, le professeur a rencontré différents intervenants de la MRC de L’Islet dans l’optique de créer un portrait du territoire sur le plan éducatif et culturel. Débuté en 2019, celui-ci s’est entretenu avec un total de 22 participants d’organismes du milieu de l’économie, de la santé et de l’éducation. Huit intervenants étaient en provenance du Sud de la MRC, neuf du Nord de la MRC, ainsi que cinq couvrant tout le territoire. La recherche de M. Ouellet visait à répondre à trois questions : quelles sont les caractéristiques d’un milieu rural dévitalisé en matière de littératie et d’accès à la culture? ; comment peut-on modéliser ce phénomène afin de mieux le comprendre? ; quelles interventions sont pertinentes dans un tel contexte? « Je me suis assuré que toutes les municipalités soient incluses dans le portrait et je me suis assuré aussi qu’il y ait autant de participants qui venaient du Nord que du Sud », affirme-t-il. Parmi ses rencontres, plusieurs faits sont ressortis. En voici quelques-uns : plusieurs ont mentionné un faible niveau de scolarité ou sans diplôme dans plusieurs familles dans L’Islet-Sud. Il y a aussi des problèmes liés aux troubles de langage, au développement du langage et certaines pratiques familiales, surtout liées au manque de vocabulaire. Des enseignants ont observé que les technologies sont présentes, mais peu ou mal utilisées pour l’apprentissage. Par la suite, plusieurs ont constaté une différence des mentalités, selon les secteurs de L’Islet-Nord et de L’Islet-Sud. En raison de la distance, certains perçoivent qu’il y a peu d’accès à la culture, spécialement dans le secteur Sud. Par la suite, les intervenants soulignent que les institutions dédiées à l’éducation et à la culture sont relativement près dans le Nord. Toutefois, il y a un problème de mobilité et il manque de transport donnant accès à de la formation. Enfin, certains ont avoué que l’absence d’institution postsecondaire est la cause de l’exode des jeunes. Pistes d’actions Après avoir analysé ces différentes constatations, M. Ouellet a déterminé sept pistes d’actions pour régler certains enjeux, selon les différents indicateurs de sa recherche, sous le phénomène Littératie, ruralité et développement : modéliser le phénomène de la littératie en milieu rural dévitalisé; stimuler l’offre éducative et culturelle en milieu rural au moyen de nouvelles ressources adaptées aux besoins; stimuler et organiser la demande du grand public; proposer des ressources structurantes en partenariat avec des organisations déjà présentes; développer des projets dédiés exclusivement au développement de la littératie et de la culture et formaliser la mise en réseau des organismes culturels dans l’axe nord-sud afin de coordonner la demande éducative / culturelle du public. Il recommande aussi d’accélérer le développement des infrastructures culturelles et éducatives dans les secteurs dévitalisés, tel que le projet de la Médiathèque de Sainte-Perpétue. Les différents projets permettraient de générer des impacts sociaux, éducatifs et culturels pour le secteur. « Ce que ça implique, c’est de transformer l’église en un lieu qu’on va qualifier souvent de troisième lieu, de fréquentations, d’expérimentation et surtout de culture. Un lieu où on mise sur les rencontres entre les générations, par exemple, parce que c’est aussi un besoin demandé par la population, que les savoirs ne se perdent pas », explique M. Ouellet. Les églises sont en transformations et celui-ci propose de diversifier leurs utilisations. Il conclut en approuvant que l’état de situation montre l’importance de la littératie et qu’une ressource éducative supplémentaire a une influence positive sur le niveau de scolarité de la population à long terme.


