Des chasseurs ont eu une mauvaise surprise alors qu’un boucher, engager pour débiter des orignaux, n’a pas répondu à sa tâche mettant en péril la viande de plus de 30 bêtes. Frédéric Jean, propriétaire de la bâtisse et maire de Saint-François, a choisi de poursuivre la compagnie ainsi que le boucher au civil pour cette situation fâcheuse. M. Jean est propriétaire de la bâtisse, occupé précédemment par la Boucherie Richard Morin, à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. Dans les derniers mois, il a cherché un boucher intéressé pour occuper le local. Après plusieurs appels, une entreprise de Saint-Étienne-des-Grès, a démontré un intérêt pour la location. Après vérification, M. Jean a décidé de leur louer l'espace. Leur objectif initial : produire de la viande et par la suite se lancer en affaires dans la région. Éventuellement, le propriétaire a détecté le travail inadéquat du boucher envoyé. « Il y avait des indices qui ne faisaient pas mon affaire. » Vers la fin octobre, M. Jean s’est mis à recevoir des téléphones des chasseurs incapables de joindre le boucher. Après avoir eu la puce à l’oreille, il s’est rendu sur les lieux, stupéfait de découvrir plus d’une trentaine d’originaux, non débité, alors que la chasse était terminée depuis déjà une semaine. Le maire de Saint-François a téléphoné à tous les chasseurs touchés pour leur faire état de la situation. Plusieurs ont eu une mauvaise surprise en découvrant les carcasses inchangées une fois arrivées sur les lieux. Le local de réfrigération respectait les règles du MAPAQ, selon M. Jean. C’est vraiment le travail du boucher qui aurait nui à la situation. « Il a trop rentré de stocks et il a perdu les pédales. » Notons que les chasseurs touchés provenaient principalement des MRC de L’Islet, Montmagny et Bellechasse. Avis externe Certains chasseurs touchés se sont tournés vers un boucher des environs, Simon-Pierre Houde, copropriétaire d’Alimentation Saint-François. Celui-ci s’est déplacé sur place bénévolement, le soir même, après avoir reçu de nombreux appels, pour évaluer l’état des carcasses et conseiller ses clients. Une fois sur les lieux, il a pu constater l’ampleur de la situation. Il affirme que le boucher envoyé par l’entreprise a fait tout ce qu’il ne fallait pas pour conserver la viande. Au moment de son passage, les carcasses étaient dans un état avancé de vieillissement. « Il y avait de la moisissure dans les carcasses. Il y en avait que la peau n’avait pas été retirée depuis une quinzaine de jours », indique-t-il. Un chasseur témoigne Les faits recueillis sur l’état des viandes récupérables sont variés. M. Jean avait de son côté deux orignaux et il affirme avoir perdu de la viande, mais qu’une grande partie aurait quand même pu être sauvée. Il souligne également que plusieurs carcasses étaient récupérables. Malgré tout, des sources ont constaté qu’un grand nombre de carcasses ont dû être jetées. Le Journal a contacté un chasseur de Montmagny qui a accepté de témoigner sous anonymat. Il indique que le boucher de l’entreprise de Saint-Étienne semblait sérieux au moment de la première rencontre, mais que, finalement, c’était loin d’être le cas. Sa carcasse n’était pas récupérable, il a observé rapidement sur place les autres carcasses étaient contaminées. « C’était tout taché blanc, moisi, il n’y avait rien à faire avec ça. » Celui-ci a eu une pensée pour tous les chasseurs qui avaient investi dans cette viande. « On passe beaucoup de temps là-dessus, on met de l’argent, alors qu’on pensait avoir un bon service. » Il est à spécifier que certains de ces chasseurs sont même allés dans des réserves pour chasser leurs bêtes. La personne consultée déplore notamment que ces animaux aient été abattus pour rien. Sans permis Alors que M. Jean croyait qu’un permis n’était pas nécessaire pour le débitage de viande de bois, il a finalement appris en consultant le MAPAQ que c’était obligatoire. Alors que cette boucherie existe depuis plus de 55 ans, M. Jean leur faisait confiance dans le processus et croyait que la boucherie respectait bien les normes. Ce dernier indique qu’une amende du MAPAQ pourrait être envoyée à la boucherie de Saint-Étienne pour avoir travaillé sans permis. Le Journal a tenté de rejoindre la MAPAQ, mais à l’heure d’écrire ses lignes, aucun retour n’avait été fait. Après des recherches non concluantes afin de tenter de trouver une façon de le punir pour cette négligence, il s’est tourné vers ses avocats pour une poursuite au civil. Une mise en demeure a été envoyée, englobant les chasseurs qui ont perdu de la viande. « Ça fait 31 ans que je suis en affaire et j’en ai vu des choses, mais là, je me suis fait avoir comme un enfant d’école. (…) Il y a un bris de réputation là-dedans et je le réclame. Mes avocats sont là-dessus.» Nouveau locataire Un autre boucher viendra s’installer dans les locaux prochainement. La personne occupera l’endroit de façon personnel pour débuter. M. Jean s’est assuré de rencontrer chaque personne de l’équipe pour ne plus revivre une telle expérience. Et, cette fois-ci, cette personne aura son permis de transformations de viande. Une chose est sûre, M. Jean espère que cette situation ne nuira pas à son établissement ainsi qu’à l’offre de services de proximité présente depuis plusieurs années auprès de la population.