Les défis liés à la pénurie de main-d’œuvre se résorbent peu à peu dans les MRC de Bellechasse, Montmagny et L’Islet. En effet, selon l’Institut de la statistique du Québec, le nombre de postes vacants en Chaudière-Appalaches est passé de 8 910 à 6 260 au cours de la dernière année, soit une baisse de 29,5 %. Malgré cette amélioration, les entreprises de certains secteurs doivent continuer d’innover pour répondre à leurs besoins en personnel. Le Journal s’est entretenu avec différents acteurs économiques de la Côte-du-Sud pour prendre le pouls de la situation.
Le secteur des soins aux aînés : le recrutement international pour combler les besoins
Située au cœur du centre-ville de Montmagny, la Résidence des Bâtisseurs Mgr Deschênes peut accueillir jusqu’à 250 aînés, leur offrant une retraite paisible sous les soins d’une équipe bienveillante. Érik Roby, directeur des ressources humaines du Groupe Résidence des Bâtisseurs, explique que, malgré quelques ajustements nécessaires lors de la rentrée scolaire, les postes vacants restent sous contrôle grâce à une gestion proactive des horaires et du personnel. Cependant, le recrutement international est devenu une solution clé pour pallier la pénurie dans certains domaines cruciaux.
« Nous avons engagé des préposés aux bénéficiaires en provenance de Madagascar pour toutes nos résidences à travers la province, y compris Montmagny », précise M. Roby. La société poursuit également ses efforts au Cameroun, où l’arrivée de nouveaux travailleurs est attendue dans les mois à venir. M. Roby se montre confiant quant au succès de ces initiatives, le secteur des soins étant considéré comme prioritaire.
Le secteur industriel : des mois sous le signe de la stabilité
D’est en ouest de la Côte-du-Sud, le secteur manufacturier demeure vigoureux et offre plusieurs opportunités professionnelles. Véronique Fournier, directrice des ressources humaines chez Montel, précise : « Nous sommes en travail partagé, mais nous n’avons pas recours aux ouvriers étrangers. Nos besoins sont plus ciblés. » Chez Maison Laprise, la conjoncture est également constante. « Notre personnel issu de l’international est déjà en place. En ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre, je dirais que la situation est stable depuis les six derniers mois, mais cela reste à confirmer sur une période plus longue », explique Lynda Routhier, gestionnaire des ressources humaines.
Le secteur agricole : une dépendance aux travailleurs étrangers
Les fermes des MRC de Bellechasse, Montmagny et L’Islet sont une source de fierté pour les agriculteurs, qui se dévouent pour offrir des marchandises de qualité grâce à l’aide de leurs employés locaux et internationaux. « Bien que notre secteur soit légèrement épargné par la rareté d’effectif, nous faisons face à des défis concernant la disponibilité des salariés saisonniers, surtout pendant la rentrée scolaire. Certains producteurs dépendent de plus en plus des travailleurs étrangers temporaires pour stabiliser leur main-d’œuvre », déclare James Allen, directeur de l’UPA de Chaudière-Appalaches. Il ajoute que, quoique que la situation se soit quelque peu améliorée récemment, plusieurs exploitations continuent de s’appuyer sur cette main-d’œuvre immigrée pour maintenir leurs activités.
Le secteur des commerces et de la restauration : l’instabilité se continue
La réputation de l’art de vivre en Côte-du-Sud, portée par ses restaurants et commerces tenus par des équipes passionnées, est bien établie. Cependant, Caroline Gimbert, directrice générale du Carrefour Région Montmagny, note que de nombreuses institutions peinent à maintenir des horaires réguliers en raison du manque de personnel, obligeant certains à réduire leurs services.
Mme Gimbert souligne également un autre problème récurrent : la volatilité des jeunes travailleurs, âgés de 15 à 30 ans, qui changent fréquemment de poste, créant ainsi un cycle constant de recrutement. « Ce sont souvent les mêmes qui passent d’un emploi dans la restauration à un dans une usine locale. Cela comble un manque d’un côté tout en en engendrant un de l’autre », explique-t-elle.
Bien que la situation montre des signes d’amélioration, Mme Gimbert rappelle que la pénurie de main-d’œuvre devrait perdurer jusqu’en 2030, en raison des nombreux départs à la retraite.