04 décembre 2024

Les élus abusent-ils de votre argent?

Malgré les nombreux scandales qui éclaboussent la classe politique municipale au Québec, tels que des détournements de fonds, des abus de pouvoir et du favoritisme, une question persiste : est-ce que tous les élus, comme ceux de la Côte-du-Sud, cèdent à la tentation de puiser dans les fonds publics pour servir leurs propres intérêts.

Par le biais de d’une demande d’accès à l’information, le Journal a obtenu les comptes de dépenses de quatre élus et de deux directeurs généreux. Sur la base de cet échantillon, la réponse est que les élus de la Côte-du-Sud agissent avec honnêteté.

1. Montmagny

Depuis son élection en 2021, le maire de Montmagny, Marc Laurin, a réclamé en moyenne 2 378 $ par année pour des notes de frais et des déplacements, soit 0,22 $ par habitant.

Une partie de ces dépenses découle de déplacements nécessaires pour représenter la municipalité à l’extérieur. Par ailleurs, il a participé à diverses réunions avec d’autres élus impliquant des trajets.

Cependant, la principale source de dépenses de M. Laurin reste sa présence régulière aux événements organisés par l’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui nécessitent des nuitées à l’hôtel. À noter : le maire privilégie les transports en commun, comme l’autobus et le train, pour ses déplacements. De plus, M. Laurin a récemment confié au Journal qu’il assumait personnellement plusieurs frais liés à ses fonctions, notamment des déplacements et des repas.

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2. Saint-Jean-Port-Joli

Depuis son élection en 2021, le maire de Saint-Jean-Port-Joli, Normand Caron, a réclamé en moyenne 767 $ par année pour des notes de frais et des déplacements, soit 0,23 $ par habitant.

Ces dépenses ont été engagées pour lui permettre de participer aux activités de la Fédération des municipalités du Québec. M. Caron n’a réclamé aucun autre frais pour des repas ou des représentations.

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3. Saint-Pamphile

Depuis son élection en 2021, le maire de Saint-Pamphile Mario Leblanc a réclamé en moyenne 12,50 $ par année pour des notes de frais et des déplacements, soit moins de 0,01 $ par habitant.

En réalité, sa seule réclamation concerne l’achat de deux billets pour assister à des activités du Carnaval de Saint-Marcel.

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4. Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud

Depuis son élection en 2021, le maire de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud Frederic Jean s’est engagé à ne réclamer aucun remboursement de dépenses à la municipalité. Il a d’ailleurs confirmé cette décision lors d’une entrevue avec le Journal.

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Les défis de la gouvernance municipale au Québec

Selon Danielle Pilette, professeure associée et experte en gestion municipale, la gestion municipale au Québec soulève plusieurs enjeux, particulièrement en ce qui concerne le contrôle des dépenses des élus. Selon elle : « depuis la Commission Charbonneau, les dépenses des élus municipaux sont scrupuleusement encadrées. » Elle précise que chaque dépense doit être justifiée et conforme aux règles en vigueur pour maintenir la confiance du public.

Elle souligne que, bien que des scandales médiatisés aient affecté les grandes villes comme Montréal et Laval, « la majorité des petites municipalités n’ont pas à faire face à ces dérives. » Dans ces régions, les dépenses des élus sont limitées par des plafonds stricts, souvent autour de 16 000 à 17 000 $, ce qui représente une part marginale du budget. « Chaque dollar dépensé doit aller au service des citoyens », insistet- elle. Elle rappelle que les municipalités doivent respecter un budget équilibré, basé sur les revenus fiscaux, et qu’elles ne peuvent pas accumuler de déficit.

Malgré cela, Mme Pilette note que la perception publique reste influencée par les scandales des grandes villes. Toutefois, « ces situations ne reflètent pas la réalité des petites municipalités », où les budgets sont plus restreints et les dépenses surveillées de près. Aussi, plusieurs abus ont été perpétrés dans des organismes paragouvernementaux, composés de plusieurs non-élus qui se croient à l’abri du scrutin des curieux. « Il est crucial que la gestion financière soit responsable et transparente, tout en répondant aux besoins des communautés locales », conclut-elle.