24 avril 2024

Héritages: le savoir-faire à contre-courant

L’artiste Tania Hillion présente sa première exposition Intitulée « Héritages: âme, résistance et transmission » au Musée de la mémoire vivante de Saint-JeanPort-Joli. Elle y met de l’avant le savoir faire de différents citoyens qui pratiquent des métiers à contresens de la vision de la société actuelle. L’artiste a débuté la peinture fin 2019, alors qu’elle se joignait au même moment au conseil d’administration de la Biennale de sculpture. Cette dernière fête artistique, qui a eu lieu en 2021, plaçait au cœur de sa programmation Émélie Chamard. Avec son parcours hors du commun, cette femme a inspiré Mme Hillion à réaliser ses portraits. Tisserande née à la fin du 19e siècle, Mme Chamard a suivi sa passion et est allée à contre-courant de ce que la société attendait d’une femme à l’époque en initiant des écoles, lançant une entreprise, et ce, tout en s’occupant de sa famille.

Alors que tout le monde veut aller rapidement aujourd’hui, certains emplois demandent de prendre le temps, le tout dans le respect du parcours, du cheminement et de ses aléas. L’exposition met en vedette sept portraits et un autoportrait abordant les thématiques  de la tradition orale, des savoir-faire manuels et des métiers qui lient la consommation à l’environnement. «Toutes les personnes que j’ai choisies ont toutes des parcours atypiques », explique Mme Hillion. « Ils sont à contre-courant de la société, pas forcément parce qu’ils ont le même parcours que Mme Chamard, mais puisque qu’ils ont décidé d’aller vers des métiers qui vont un peu dans l’oubli, alors que la société nous impose un rythme qui est totalement différent aujourd’hui », ajoute-t-elle. Il est possible de découvrir le travail de coutellerie de William Mary Pouliot de L’îled’Orléans, qui a découvert sa passion à l’âge de 14 ans et a connu une ascension continue dans le domaine. Élisabeth Desjardins, conteuse, et Gervais Lessard, chanteur et musicien fondateur du rêve du diable, y sont également représentés. L’expert des guitares, Benoit Lauzé, et l’ancien meunier de la Seigneurie des Aulnaires, Réjean Labbé, y sont mis de l’avant. Enfin, Patrice Fortier, semencier bio, ainsi que Myriam Rochon, qui cultive des plantes pour créer des teintures naturelles, complètent l’ensemble.

Il s’agit de savoir-faire qui se transmettent. « Ces savoirs sont un peu comme des semences qui ont été mises de côté et qui n’attendent qu’à se révéler. On se rend compte que quand on les nourrit et qu’on prend le temps de les apprivoiser et d’y croire, on se connecte plus aux autres et à soi-même.» Découvrez leur histoire Judith Douville, chargée de projet du Musée de la mémoire vivante, souligne qu’il ne s’agit pas d’une galerie d’art, mais d’une exposition qui reflète bien la volonté de transmettre les savoir-faire respectifs. Des enregistrements et vidéos entourant la vie de chaque personne en vedette viennent compléter l’exposition. Le Musée a réalisé un travail de documentation afin d’apprendre à connaître plus en détails l’histoire de chacune d’entre elles. Un témoignage de la personne y est présenté dans le but de connaître son parcours. D’autres se sont ajoutés. « C’était vraiment intéressant de joindre les témoignages à chacun », explique Mme Douville.

« En créant les œuvres, je voulais qu’on aille à la rencontre de ces personnes et de ces métiers », souligne, quant à elle, l’artiste. Jusqu’à présent, Tania Hillion a reçu plusieurs commentaires positifs en lien avec son travail. Mme Douville soutient que d’autres témoignages peuvent s’ajouter au fur et à mesure du déroulement de l’exposition. Celle-ci sera présentée jusqu’au 31 octobre 2023.