24 avril 2024

La formation professionnelle navigue en pleine décroissance

Ici comme ailleurs, la rareté de main-d’œuvre sévit dans les différents secteurs de l’activité économique. Des exemples : une restauratrice de La Pocatière a été contrainte de fermer son établissement en soirée par manque de personnel, et ce, malgré des offres alléchantes pour attirer des travailleurs. Autre cas, dimanche dernier la Coop La Paix à Saint-Jean-Port-Joli fermait son comptoir de charcuterie en fin d’après-midi pour la même raison. Les effets des changements démographiques touchent de plein fouet la formation professionnelle qui, depuis trois à quatre ans, conjugue avec la décroissance. Le Centre de formation professionnelle L’Envolée de Montmagny a une capacité d’accueil d’environ 300 étudiants dans les différents programmes offerts par la Commission scolaire de la Côte-du-Sud. Or, sa clientèle actuelle tourne plutôt autour de 180 à 200 élèves, indique Denis Pelletier, directeur du CFP de L’Envolée. «Forcément, il y a un lien entre la diminution de la clientèle et l’abaissement des critères d’embauche dû à la rareté de main-d’oeuvre. À preuve, aujourd’hui des employeurs ne demandent plus de CV» note le directeur du CFP. Par conséquent, l’entreprise et le centre de formation entrent en concurrence puisqu’ils sollicitent la même clientèle. Des industries vont engager des personnes non qualifiées et demander au CFP de les former. En un mot comme en mille, on s’arrache la main-d’œuvre avant même qu’elle ne soit formée. Le directeur emploie le mot «kidnapper» pour traduire cette situation qui est d’autant plus critique en Chaudière-Appalaches où, jusqu’à récemment, le taux de chômage se situait à 2,7%. La solution passe par le partenariat entre le CFP et l’entreprise pour mettre en place un plan de formation, soutient M. Pelletier. L’apport des immigrants et le travail des aînés font aussi partie de l’équation pour soutenir l’économie aux prises avec les effets de la baisse démographique. Un espoir Par ailleurs, notre interlocuteur fonde beaucoup d’espoir sur la mise en œuvre de la formule Dual pour la formation des préposés aux bénéficiaires en Chaudière-Appalaches. Basé sur des apprentissages accrus en milieu de travail, ce programme inspiré du modèle allemand permet aux élèves d’effectuer la moitié de la formation à l’école et l’autre moitié en stage, tout en étant rémunérés. À son avis, cette formule pourrait bien être une réponse intéressante au problème de recrutement de main-d’œuvre. Le programme de tôlerie de précision profitera également de cette formule. Prendre le pouls des régions Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a effectué une tournée dans quelques écoles de la région la semaine dernière. M. Pelletier a eu l’occasion de discuter avec lui. «Le ministre est très à l’écoute et il fait une bonne lecture du milieu, mais il n’a pas toutes les solutions aux problèmes. La formation professionnelle mériterait des consultations, qu’on prenne le pouls des régions au lieu d’écouter toujours les grands centres. Les députés pourraient aussi venir nous voir plus souvent» de conclure le directeur du CFP de L’Envolée.