17 avril 2024

«Le journal d’une timbrée»: une jeune femme écrit pour s’en sortir

Apprendre à 16 ans qu’on aura toute sa vie à composer avec la maladie mentale a de quoi ébranler. Pour Sabrina Billard, aujourd’hui âgée de 19 ans, ce fut un choc, une descente aux enfers qui l’a amenée à s’automutiler et à penser au suicide. Le diagnostic est tombé alors qu’elle poursuivait ses études en 4e secondaire à l’école de Saint-Paul, où elle habitait. À cette période, Sabrina ignorait l’origine de sa souffrance, mais elle se questionnait. En entendant un jour son père parler du journal d’une timbrée, ces mots forts ont résonné en elle. «Ce sont les mots qui définissaient ce que je ressentais» de confier la jeune femme lors d’une rencontre pour parler de son livre qui s’intitule «Le journal d’une timbrée». Victime d’intimidation à l’école, deux ans plus tôt, Sabrina a pu conserver des traumatismes de cette période difficile, selon ce que disent les médecins. Il est possible que ce facteur ait contribué au développement de la maladie qui, par ailleurs, peut également s’expliquer par la génétique, a-t-elle compris. Bouée de sauvetage «À 16 ans, j’avais les idées noires, je m’infligeais des coupures avec une lame un peu partout sur le corps. «Comme un toxicomane qui a besoin de sa dose, moi, parfois j’avais besoin de ma lame. Pour moi, c’était une façon de changer le mal de place» révèle celle qui s’est mise à écrire pour conjurer cette douleur dévorante. Pour Sabrina, l’écriture est sa bouée de sauvetage. Un exercice thérapeutique qui lui permet d’apprivoiser sa condition petit à petit. De plus, elle trouve une grande source de motivation dans les conférences qu’elle donne dans les écoles secondaires et au Cégep de La Pocatière. Consciente, elle sait que sa route continuera d’être cahoteuse. «Le plus difficile, c’est de faire la paix avec ce diagnostic, car on ne peut pas savoir quand les rechutes vont se produire» dit-elle. Au moment de notre rencontre, Sabrina venait de sortir de l’hôpital. «Autour de moi, j’ai mon conjoint, ma famille et des amis qui m’aident énormément». Présentement, elle poursuit des études à distance en secrétariat. Message d’espoir Par ses livres et son action, Sabrina Billard veut transmettre un message d’espoir. «Je veux faire comprendre aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls. Et puis, le fait de parler, de mettre des mots sur ce que l’on ressent donne l’impression qu’on n’est pas fou. Je m’exprime aussi pour que les gens comprennent ce par quoi passent les personnes qui ont un problème de santé mentale» de conclure la jeune femme. Le journal d’une timbrée sortira en librairie le 29 août. Le livre paraît aux Éditions Tête haute. Le lancement du livre aura lieu en septembre.