18 mars 2025

Parité entre les hommes et les femmes en politique : encore du chemin à faire

En prévision des prochaines élections municipales de novembre, le Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) travaille sans relâche afin d’inciter plus de femmes à intégrer et pratiquer la vie politique. Gaëtane Corriveau, formatrice du GFPD et politologue originaire de Montmagny, explique les différentes démarches réalisées par le groupe afin d’atteindre le but ultime : la parité hommes et femmes en politique.  Le GFPD souhaite accompagner, soutenir et offrir de la formation à celles qui désirent se lancer en politique. Mme Corriveau avoue qu’atteindre la parité est un gros défi puisqu’il y a des obstacles systémiques qui freinent le souhait des femmes potentiellement intéressées.

« Il reste encore beaucoup de travail à faire pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est un mythe de croire que l’égalité est atteinte. C’est vrai que l’égalité de droit est atteinte, mais dans les faits plusieurs inégalités existent, dont justement la sous-représentation des femmes dans les conseils municipaux au Québec », explique-t-elle.
Les racines sont très profondes selon cette dernière. Cela nécessite beaucoup d’éducation et de socialisation pour changer les choses. « À Athènes, les femmes n’étaient pas là au départ et pour avoir accès aux débats publics, à la démocratie grecque, il fallait être citoyen de la cité. Les femmes n’étaient pas dans la catégorie des citoyennes, elles se retrouvaient dans la catégorie des esclaves et des enfants. Alors, on a porté ce boulet pendant des millénaires et des siècles pour enfin arriver à 1940 au Québec et obtenir le droit de vote », raconte-t-elle. Mme Corriveau observe tout de même de belles évolutions au sein de quelques municipalités dans la province. Par exemple, certaines tentent d’adapter leur calendrier afin de faciliter la tenue de réunions pour que ce ne soit pas toujours en soirée. D’autres ont initié une garderie ou même une salle d’allaitement. Selon elle, il ne faut toutefois pas s’arrêter là : « Ça prend des changements structurels profonds. On milite pour qu’il y ait des changements à la loi électorale afin d’obliger les partis politiques à la parité des candidatures ». En élection municipale, les candidats se présentent en tant qu’indépendants, ce qui peut accentuer la difficulté de changement. Selon elle un parti politique, par exemple au provincial, se donne des leviers pour changer les choses tel le fait d’exiger l’obligation de parité dans son parti, ce qui peut être réalisé plus difficilement dans les municipalités. De plus, tel que présenté dans une parution antérieure du Journal, le témoignage de Sylvie Boulet a pu démontrer que certaines femmes ont plus de difficultés à prendre leur place en tant que seule femme au conseil. Mme Corriveau confirme que ce n’est pas seulement à Montmagny que ce genre de situation se produit. Certaines peuvent même vivre de l’intimidation, du harcèlement ou des menaces. Effets de la COVID-19? La COVID-19 peut avoir des effets sur les prochaines élections municipales. L’étude annuelle du Forum économique mondial le démontre, la COVID-19 a augmenté les inégalités entre les hommes et les femmes. Par exemple, certaines inégalités économiques se sont développées.  En travaillant à temps partiel ou de manière autonome, certaines femmes ont perdu leur emploi ou ont dû arrêter de travailler pour s’occuper des enfants. Selon Mme Corriveau, ce ne sont pas toutes les femmes qui ont l'autonomie financière pour prendre la décision de se lancer en politique. La conciliation travail-famille peut aussi rendre cela difficile. Formations et activités La politologue a débuté le projet SimulACTION offrant aux femmes la possibilité de vivre la simulation d’une assemblée municipale. Cet événement, qui prend six mois de préparation, a été réalisé à Montmagny en 2017. Des élus, souvent des femmes, ont le rôle de mentor afin d’accompagner les participantes. D’ailleurs, des formations sont offertes lors de l’événement d’une durée de deux jours. Jusqu’à maintenant, près de dix municipalités ont pu vivre l’expérience depuis ses débuts en 2012. « Quand on l’a fait à Montmagny, c’était le maire Desrosiers qui était là. Donc, on accueillait des aspirantes candidates d’un peu partout au Québec. C’était ouvert non seulement aux femmes de la région, mais il y a même des femmes de l’Outaouais qui sont venues, de la région du Centre-du-Québec, etc. », explique-t-elle. Elle a aussi démarré le Défi parité qui invite les MRC à élaborer une politique d’égalité et un plan d’action. Plus d’informations demeurent accessibles sur le site Internet du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) et sur la page Facebook de Mme Corriveau.