20 mars 2025

Crise des médias : Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ?

    « Les Canadiens continuent à tenir en estime leurs médias d’information, mais ne semblent pas inquiets de leur situation financière », rapporte le Centre d’étude sur les médias, d’après un récent sondage. Dernièrement, on apprenait pourtant que l’information locale a chuté de 50 % au pays en dix ans (1). Le Québec n’échappe pas à la tendance. Seulement dans les derniers mois, il y a eu la fermeture de L'Express d'Outremont et de L'Express de Mont-Royal dans la région métropolitaine, ainsi que La Revue et La Gatineau, dans l’Outaouais. Nos journaux sont plus accessibles que jamais sur le web et ils ont tous entrepris un virage numérique important. Certains médias écrits ont même cessé d’imprimer le papier, se voulant ainsi davantage tournés vers l’avenir. Ces changements majeurs et coûteux n’ont pourtant pas réussi à endiguer l’hémorragie. Dans les salles de rédaction qui se vident, le moral des troupes est grandement affecté. Pour certaines d’entre elles, le nombre de journalistes a diminué de moitié. Dans d’autres, des enquêtes journalistiques sont abandonnées, faute de temps. C’est pourtant l’un des principes fondateurs de notre profession. Dans plusieurs médias, il faut faire toujours plus, toujours plus vite, alors que les faits doivent être rapportés avec toute la rigueur à laquelle les citoyens s’attendent. Ce mandat est de plus en plus difficile à remplir. Les jours où l’actualité foisonne, des médias doivent faire le choix déchirant de ne pas traiter certains sujets d’intérêt, qui l’auraient pourtant été s’il y avait eu suffisamment de ressources. Certaines localités se retrouvent même sans couverture journalistique et doivent se résigner à n’avoir aucune nouvelle « d’eux-mêmes ». Pour la première fois de son histoire, Le Soleil de Québec, propriété de Groupe Capitales Médias, n’avait aucun journaliste à bord des autobus de campagne pour suivre les chefs de parti pendant la dernière élection, une malheureuse première de son histoire. Nous sommes choqués de voir de talentueux jeunes journalistes quitter la profession parce qu’aucun débouché ne se présente à eux. Nous en avons marre de dire au revoir à des collègues respectés, qui choisissent de changer de voie à mi-carrière, écœurés du rythme effréné qu’impose la nouvelle réalité des médias. (1) La presse écrite à l’agonie