Moins de machines de loterie vidéo, plus de jeu en ligne, et toujours l’espoir de s’en sortir
Le nombre de machines de loterie vidéo (MLV) a chuté de 36 % dans Chaudière-Appalaches au cours des cinq dernières années. Si cette baisse réjouit les intervenants spécialisés en dépendance, elle fait également émerger d’autres défis, notamment la popularité croissante des jeux en ligne.
Les données obtenues par le Journal à la suite d’une demande d’accès à l’information auprès de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) sont parlantes. En 2020, 89 MLV étaient en service dans la région. En 2021, il y en avait 80, en 2022, 75, en 2023, 65 et en 2024, 57. Cette diminution s’inscrit dans une tendance générale à réduire ces équipements tout en témoignant de la transformation de l’industrie du jeu.
« C’est une excellente nouvelle », s’enthousiasme Katleen Dubois, agente de relations humaines en dépendance au Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA).
Elle rappelle que les établissements licenciés, notamment les bars de la Côte-du-Sud, soulèvent des préoccupations collectives majeures, particulièrement concernant la disponibilité des jeux d’argent et des conséquences qui en découlent pour les communautés. « Ces appareils sont souvent installés dans des lieux accueillants et faciles d’accès, ce qui expose les gens à une tentation régulière et renforce le risque d’addiction », explique-t-elle. Contrairement aux casinos, ces bars ne sont soumis à aucune réglementation stricte en matière de sécurité ou d’encadrement, laissant ainsi les personnes vulnérables sans protection adéquate.
Cependant, le jeu en ligne représente une problématique croissante. Disponible en tout temps en quelques clics, il multiplie les risques pour les individus à risque. « Une personne qui navigue sur cyberespace pour une activité anodine peut être confrontée à des incitations au jeu, accessibles 24 heures sur 24. Cela complique considérablement la lutte contre la dépendance », avertit Mme Dubois.
Depuis la pandémie de COVID-19, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) observe une augmentation continue des adeptes de loteries en ligne. Aujourd’hui, un Québécois sur cinq pratique les jeux de hasard et d’argent sur Internet, et un quart d’entre eux avouent avoir excédé les limites qu’ils s’étaient fixées.
Mme Dubois souligne que l’accoutumance au jeu peut toucher toutes les tranches de la population, indépendamment de l’âge ou du statut social. « Des événements marquants ou stressants peuvent pousser une personne à chercher refuge dans le jeu, croyant à tort y trouver un soulagement, alors que cela ne fait qu’aggraver la conjoncture », explique-t-elle. Les répercussions sont multiples : difficultés financières, isolement, détresse psychologique. Les joueurs compulsifs risquent des relations conflictuelles, une perte de motivation ou, dans des cas extrêmes, la faillite.
Elle insiste également sur l’impact de l’entourage, qui souffre souvent d’angoisse ou d’un sentiment d’impuissance face à la situation. « Les proches peuvent eux aussi avoir besoin de soutien », note-t-elle.
Plusieurs outils sont disponibles pour les individus en difficulté. Mme Dubois recommande de contacter le 811, option 2, afin d’être orienté vers les services du CISSS. Ces services incluent des consultations offertes en personne, par téléphone ou en ligne, selon les préférences des usagers. En cas de dépendance sévère, une entente avec la Maison L’Odyssée à Sainte-Marie permet aux patients de bénéficier d’un programme intensif entièrement couvert.
Pour elle, la clé est de faire le premier pas. « Il y a toujours des solutions. Plus l’aide est demandée rapidement, plus il est facile d’agir avant que les problèmes ne deviennent incontrôlables », conclut-elle.