Cet emprunt à l’auteur des Copains d’abord n’est pas anodin. Lorsque vous vous glissez dans l’univers de Réal Fontaine, il n’y a pas que vos yeux qui soient sollicités. Histoire de vous mettre dans l’ambiance dès le départ, l’artiste-galeriste fait jouer un disque de Renée Claude chantant Brassens. Saturne, pour débuter, chanson qu’il a lui-même transposée sur toile. La porte de sa galerie vous est ouverte. On entre?
Vous y attend un jeune de cœur éternellement ému par la beauté et la grâce.Réal Fontaine a grandi à la campagne, précisément à Buckland dans la MRC de Bellechasse. Fidèle à ses origines, il intégrera des éléments champêtres dans plusieurs de ses toiles. D’autres puiseront leur source dans ses références musicales ou littéraires, pensons ici à Samuel Beckett et son fameux En attendant Godot. Mais tout d’abord… Parcours professionnel à obstacles Celui qui se dirigeait vers l’ébénisterie a dû revoir ses objectifs lorsque, à l’âge de 19 ans, un convoyeur se mettait en travers de sa route et lui broyait la jambe. Dix chirurgies plus tard, nouvelle direction : études en agriculture à l’ITA de La Pocatière. Il y travaillera plus de huit ans, prenant plaisir à former des jeunes de la relève agricole. Réal se tournera ensuite vers l’assurance, voyant en ces mêmes jeunes une excellente clientèle à développer. L’aventure durera 28 ans, après quoi sonnera l’heure de la retraite et du développement d’une passion. De la noirceur jusqu’aux couleurs Un autre accident allait lui faire prendre un chemin de traverse. Certains se rappelleront le tragique événement de 1985 impliquant le thanatologue André de la Durantaye (beau-père de Réal) et ses fils Rémi et François. Les deux jeunes y laissèrent leur vie et André, sorti du coma après quelques mois, demeura paraplégique. Le temps passe et le gendre, soucieux de sortir André de sa maison malgré le fauteuil roulant et la douleur, l’amène prendre avec lui des cours de dessin auprès d’Aurèle d’Entremont, ami et peintre impressionniste acadien. C’était à l’automne ’90. Celui qui raffolait des arts plastiques à l’école et avait suivi quelques cours de dessin à Alma venait de trouver sa passion artistique. S’ensuivirent des cours donnés par Guy Lemieux, peintre et tapissier haute lisse et Emmanuel Garant, portraitiste hors pair. Nouveaux horizons 2013 marque le début d’un cycle de trois stages en France sous la houlette de Gregory Pellizari. Il y apprendra les techniques picturales utilisées par les grands maîtres de la Renaissance. Pour le néophyte, il s’agit d’atteindre grâce à elles un haut niveau de transparence et de luminosité. Réal Fontaine, qui penche du côté des impressionnistes bien qu’il lui arrive de verser dans le portrait, peint à l’huile et l’acrylique. Il donne, durant quelques années, des cours au presbytère de Cap-Saint-Ignace avant d’ouvrir un nouveau chapitre dans la vie culturelle magnymontoise. La galerie d’art En octobre 2018, le peintre se porte acquéreur d’une superbe résidence longeant le parc du Souvenir. Bâtie aux alentours de 1810, cette maison semble de tout temps destinée à héberger la beauté. Elle possède une âme, un côté chaleureux qui séduit illico. Réal y ouvre un atelier-école où il partage ses connaissances avec d’autres artistes peintres. Quatre salles d’exposition y sont aménagées, recevant les œuvres de peintres, photographes, sculpteurs, artistes du verre et musiciens. Pôle d’attraction touristique Voilà ce que pourrait devenir cette demeure au vaste potentiel. Se sentant un brin captif des horaires qu’elle lui impose, le galeriste souhaite ardemment trouver une solution pour la maintenir ouverte et accessible à tous. Les idées foisonnent : coopérative? location d’espaces? ateliers partagés? bénévolat? La galerie étant située dans une zone commerciale, il imagine bien des jeunes y tenir un petit café l’été. Rien de compliqué. Réal Fontaine est ouvert à toute proposition, l’idée principale étant d’occuper les lieux, d’y avoir du plaisir, d’assurer la diffusion de l’art sous diverses formes… tout en donnant un peu d’air au principal intéressé. Après tout, « les arts se touchent » dira-t-il avec justesse. Y gravitent déjà certains amis, connaissances, amateurs, connaisseurs… Bien que la galerie soit présentement en réaménagement, il est toujours possible de la visiter quelques heures semaine ou encore en prenant rendez-vous. Les matins de Clarence Signe qu’il n’a pas baissé les bras, Réal Fontaine songe déjà à un nouveau nom pour sa galerie : Les matins de Clarence. Il s’agit là d’un double hommage, le premier destiné à son petit-fils de dix mois et l’autre à Clarence Gagnon, l’un de ses peintres québécois favoris. Serait-ce l’aube d’une nouvelle ère pour la Galerie Réal Fontaine?
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