18 mars 2025

Assister au suicide de son meilleur ami

Raphaël Lecours a amené ses amis Michaël Poulin et Jean-Raphaël Fortin-Bourque, tous originaires de Sainte-Justine, dans un rang à Sainte-Camille-de-Lellis afin que ceux-ci puissent essayer son pistolet. Il était loin de se douter qu’un d’entre-eux se servirait de cette occasion pour mettre fin à ses jours. En décembre 2019, Raphaël Lecours discute avec son ami Michaël Poulin et le meilleur ami de celui-ci, Jean-Raphaël Fortin-Bourque, de la possibilité de les amener tirer de son pistolet 9mm qu’il possède légalement. Les deux autres jeunes hommes n’ont toutefois pas le permis nécessaire à la manipulation d’une telle arme. Il hésite un moment, mais fini par accepter. Il aurait normalement dû se rendre au centre de tir qu’il fréquentait habituellement, mais celui-ci aurait été fermé au moment où les jeunes hommes ont décider de pratiquer l’activité. Ils se sont donc rendus dans un rang isolé à Sainte-Camille-de-Lellis, municipalité voisine de Saint-Just-de-Bretenières. Une fois arrivé sur place, Raphaël Lecours sort son pistolet, le pointe vers un panneau d’arrêt et vide le chargeur dans cette direction. Il le tend à Michaël Poulin qui ferra la même chose. Ce dernier le remet finalement à Jean-Raphaël Fortin-Bourque qui tirera deux coups sur le panneau avant de se tourner vers ses deux amis et de s’exclamer : « Hey, c’est malade ça! » Il retourne ensuite l’arme contre sa tête et appui sur la détente. Il s’écroule au sol. M. Lecours tente de faire des tentatives de réanimation, mais il était déjà trop tard. La blessure que s’est infligée le jeune homme, alors âgé de 21 ans et originaire de Sainte-Justine, lui aura été fatale. Une fois arrivés sur les lieux, les policiers découvriront, dans les poches de la victime, une note expliquant qu’il s’agissait bien d’un suicide planifié avant même de partir. L’analyse de l’écriture du message ainsi que l’analyse balistique ont permis de conclure que les deux amis n’étaient en aucun cas criminellement responsables de la mort de Jean-Raphaël Fortin-Bourque, qu’il s’agissait bel et bien d’un suicide et non d’une scène orchestrée par ceux-ci. Les deux hommes sont toutefois accusés d’usage négligent d’une arme à feu, de méfait et possession illégale d’une arme à feu à autorisation restreinte chargée. Ils plaideront coupables. Le permis d’arme de M. Lecours a également été révoqué. Raphaël Lecours s’est d’abord présenté devant le juge Steve Magnan. Son avocat demande l’absolution en échange d’un don. « Mon client vit déjà avec une sentence. Il vit avec une mort sur la conscience. » La poursuite est plutôt d’avis qu’il devrait recevoir une période de probation accompagnée de travaux communautaire. Le juge devrait rendre sa décision le 9 avril. Michaël Poulin s’est présenté quelques semaines plus tard devant le juge Sébastien Proulx. Son avocate explique que son client et la victime étaient « comme des frères » et que ce dernier souffre de choc post-traumatique depuis l’événement. Elle soutient aussi que, même si son client savait que son ami avait quelques problèmes, il était loin de se douter qu’il souffrait d’une aussi grande détresse. Elle demandera l’absolution. Le procureur admet également qu’ « en 13 ans de couronne, c’est un dossier très difficile. » Le juge Proulx devrait rendre sa décision le 6 mai afin de permettre la confection d’un rapport présententiel avant celle-ci. Pour obtenir de l’aide en cas de détresse psychologique : 1 866 APPELLE ou 1 866 277-3553 Service de prévention du suicide du Canada au 1 833 456-4566 Jeunesse, J’écoute au 1 800 668-6868