23 novembre 2024

Hausse de 237% du recours aux agences de placement en santé

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches a utilisé plus que jamais le personnel d’agences de placement dans les trois dernières années, malgré le fait qu’elles seront interdites dans quatre mois. Le CISSS promet avoir pris les mesures appropriées, mais les employés ne voient pas les choses de la même manière.

Grâce à une demande d’accès à l’information, le Journal a obtenu ces données alarmantes et surprenantes, lesquelles révèlent une hausse de 237 % du nombre d’heures travaillées par du personnel d’agences dans les établissements de santé des MRC de Montmagny et de L’Islet, pour une hausse des coûts de 308 %. Concrètement, en 2021-2022, les employés des agences de placement y onteffectué 54 403 heures et ont facturé au CISSS 451 407 $. En 2023 – 2024, le nombre d’heures travaillées s’est établi à 129 091, pour un coût de 10 651 863 $.

Or, en octobre 2023, le gouvernement a procédé à l’adoption de la Loi sur le recours aux services des agences de placement de personnel et à de la main-d’œuvre indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux, dont l’objectif principal est de réduire progressivement, jusqu’à éliminer complètement d’ici 2026 le recours aux à ces entreprises et à leur main-d’œuvre indépendante dans l’ensemble du réseau de la santé et des services sociaux. Dans Chaudière-Appalaches, cette interdiction entrera en vigueur en octobre 2024, donc dans environ quatre mois. À ce moment, l’ensemble du travail devra être effectué par du personnel directement employé par le CISSS.

Le CISSS s’explique

Néllie Roy, coordonnatrice de l’attraction, du développement des talents et du service aux employés du CISSS de Chaudière-Appalaches justifie cette hausse par différentes raisons.
« La situation est expliquée en partie par le manque de main-d’œuvre, principalement sur les quarts de travail défavorables, et surtout dans les CHSLD », avance-t-elle.

Par contre, elle assure que dans les derniers mois, le nombre d’heures travaillées par le personnel d’agence de placement est en forte baisse. « Dès que le règlement a été adopté, nous avons implanté des mesures afin de les réduire. Notamment, nous avons lancé une grande campagne de recrutement, nous avons implanté l’autogestion des horaires, nous avons acquis des logiciels afin de permettre à nos gens de sélectionner eux- mêmes leur temps supplémentaire », déclare-t-elle. Ces initiatives sont le fruit de la concertation des différentes directions du CISSS.

Mme Roy affirme que présentement, les établissements de santé des MRC de Montmagny et L’Islet utilisent 60 % moins de personnel d’agences de placement que l’année dernière. Bien qu’elle ne soit pas en mesure d’affirmer que cette réduction atteindra 100 % en octobre 2024, elle croit que le CISSS sera alors près du but.

Le Syndicat ne voit pas les choses du même œil

Carole Mercier, présidente du Syndicat FIQ-SPSCA qui représente plusieurs des employés du CISSS de Chaudière-Appalaches se dit inquiète, mais non surprise des données obtenues par le Journal. « Le personnel d’agences de placement est partout sur le terrain. Mais il y aura une fin à cela. Que va-t-il se passer à ce moment ? Personne ne nous a présenté de plan de transition. Nous ne sommes pas informés de la suite des choses », dénonce-t-elle.

Elle craint que la situation génère un nombre substantiel de temps supplémentaire additionnel, ce qui aura des conséquences directes pour les employés du CISSS. Elle déplore le manque de planification et communication des dirigeants. « Ça me fait peur, cela va être désastreux », conclut-elle.