05 octobre 2024

Inégalités salariales et pénurie de gynécologues : une réalité inquiétante

La pénurie de gynécologues dans les régions du Québec devient de plus en plus préoccupante, y compris à l’hôpital de Montmagny. Cette pénurie s’accompagne d’un écart salarial important entre les actes médicaux équivalents pratiqués par des hommes et des femmes.

Une récente étude menée par l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec (AOGQ), en collaboration avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton, met en lumière ces disparités. La Dre Katherine Thériault, gynécologue-obstétricienne au CHU de Québec et porte-parole régionale de l’organisation, espère que les conditions des membres de sa profession s’amélioreront.

Selon l’enquête, des écarts de tarification allant de 33 à 200 % ont été observés entre des actions médicales similaires réalisées chez les hommes et les femmes. « Cet écart est surprenant et difficile à expliquer », déclare la Dre Thériault. Elle souligne que ces différences ne peuvent pas être justifiées par la technicité ou la complexité des gestes, puisque l’étude a rigoureusement comparé des actes équivalents sur le plan anatomique et scientifique. Cette situation, qualifiée de « désolante » par plusieurs professionnels soulève des questions sur les causes profondes de cette inégalité.

La gynécologie, en tant que discipline à majorité féminine, pourrait en partie expliquer ces écarts de rémunération. Cependant, la Dre Thériault évoque également le vieillissement de la population médicale et les difficultés à attirer de jeunes médecins dans cette profession. « L’obstétrique-gynécologie est en dernière position parmi les spécialités chirurgicales en termes de revenus. Ce déséquilibre affecte principalement le recrutement en région, où la pénurie de gynécologues est déjà une réalité », précise-t-elle.

À Montmagny, la situation est particulièrement critique. L’hôpital a récemment perdu un spécialiste en raison d’un départ à la retraite, rendant les activités encore plus
précaires. « Nous espérons que de jeunes médecins viendront s’installer en Côte-du-Sud pour aider les femmes et éviter une rupture de services à l’avenir », explique la Dre Thériault.

Face à ces défis, l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec travaille en collaboration avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) pour trouver des solutions. « Nous espérons que la FMSQ corrigera ces inégalités salariales, notamment en veillant à ce que des actes de même complexité soient rémunérés de manière équivalente, peu importe le sexe du patient ou la spécialité du médecin », ajoute la Dre Thériault. Aucune mesure de pression n’est envisagée pour l’instant, la priorité étant de collaborer étroitement avec la Fédération.

Bien que la Dre Thériault n’ait pas initialement envisagé ce domaine comme premier choix de carrière, elle a été conquise par cette spécialité lors de ses stages à Québec. « Ce qui m’a attirée, c’est la proximité avec les patientes et le fait que la gynécologie touche à toutes les étapes de la vie des femmes, de l’adolescence à la ménopause », explique-t-elle. Elle apprécie également la diversité de cette pratique, qui combine à la fois des aspects chirurgicaux et médicaux.

Le CISSS réagit

Le CISSS de Chaudière-Appalaches a récemment confirmé que le Dr Lemieux, gynécologue à l’hôpital de Montmagny, cessera bientôt sa pratique. « Un candidat étranger est actuellement en processus pour prendre sa relève. En plus des démarches habituelles (permis de travail, etc.), des procédures sont en cours avec le ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi qu’avec le Collège des médecins. Le postulant termine un stage de conformité de 12 semaines et pourra débuter officiellement son travail à Montmagny une fois celui-ci complété », indique la relationniste de l’organisation.