Dans un contexte où les violences conjugales et sexuelles demeurent une réalité pour de nombreuses personnes en Côte-du-Sud, le projet Rebâtir se démarque comme une initiative unique au Québec, méritant une reconnaissance accrue dans le district judiciaire de Montmagny.
Selon Me Marie-Claude Richer, directrice générale de Rebâtir, ce service propose jusqu’à quatre heures de consultation gratuite aux individus locaux, disponibles par téléphone ou par Teams, facilitant alors un accès flexible pour celles et ceux qui pourraient hésiter à rencontrer un juriste en présentiel. Il se distingue par son modèle virtuel, car tous les avocats impliqués travaillent à distance.
« Nous souhaitons rendre le système moins intimidant pour les victimes, qu’elles puissent mieux appréhender leurs droits, et ainsi retrouver confiance dans la justice », explique Me Richer. Le programme fournit non seulement des entretiens couvrant divers domaines juridiques, incluant le droit familial, civil et la santé mentale, mais offre également des services d’interprétation pour assurer une compréhension complète de leur situation.
Comptant 14 avocats dévoués, Rebâtir accompagne les clients pour les épauler dans les complexités du droit et leur fournir des orientations adaptées à chaque situation particulière. En complément, des séances d’information, appelées « rencontres pré-dénonciation », sont offertes. Ces séances, une première au Québec, leur permettent de bénéficier de conseils juridiques avant même de porter plainte. Une aide déterminante, souligne Me Richer, pour des personnes souvent intimidées par le système judiciaire et peu renseignées des démarches à entreprendre.
Le projet, qui collabore étroitement avec des organismes partenaires tels que la Sûreté du Québec et des maisons d’hébergement, vise à établir un réseau de soutien fiable pour sécuriser les victimes à chaque étape de leur processus de plainte. Ce soutien est particulièrement crucial, car, comme l’explique Me Richer, « le moment le plus à risque de féminicide survient lors de la séparation, quand l’agresseur perd le contrôle. »
Afin de garantir un service de qualité, les procureurs du programme Rebâtir suivent des enseignements approfondis, portant autant sur les aspects juridiques que sur la dynamique de la violence conjugale. « Il est essentiel que nos avocats soient formés non seulement en droit, mais également sur les spécificités de la situation de leurs clients, car celles-ci sont souvent complexes et nuancées », insiste Me Richer.
Rebâtir a réussi à transformer des vies en proposant aux victimes locales et d’ailleurs la force de quitter des situations toxiques, souvent après plusieurs tentatives. En effet, Me Richer rappelle qu’il faut en moyenne jusqu’à sept essais pour qu’une personne se libère complètement d’un cycle de violence. Par son approche bienveillante, l’initiative se distingue en offrant une écoute attentive et en respectant le rythme de chacun. « Nous ne leur disons pas quoi faire ; nous leur exposons leurs options et les soutenons à chaque étape », précise-t-elle.
En proposant des solutions concrètes et en démystifiant le système judiciaire, Rebâtir constitue une avancée significative dans la lutte contre les agressions conjugales et sexuelles, permettant aux victimes de retrouver confiance en la justice.