Nous l’entendons de plus en plus souvent, nous avons besoin d’eux. Que ce soit pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre (eh non, ils ne viennent plus nous voler nos « jobs » depuis longtemps!), pour accroître notre productivité, pour des questions démographiques ou simplement pour leur apport dans nos échanges et apprentissages culturels, ils sont un atout pour la collectivité. Entrevue avec un couple charmant qui a choisi de faire du Québec leur terre d’accueil. Carolina Barbosa Luna et Óscar Zabala Sandoval, 29 et 31 ans respectivement, viennent tous deux de Bogota, capitale de la Colombie. Ils se connaissaient déjà à l’école secondaire, se sont perdus de vue quelque temps, ont repris contact grâce aux réseaux sociaux et se sont finalement retrouvés à l’université, cette fois pour ne plus se quitter. S’ils sont partis de leur pays, c’était notamment pour des raisons académiques. L’idée fait son chemin 2013. Le jeune couple examine ses options. Carolina, qui a de la famille à Hamilton en Ontario, connaît déjà un peu le pays. C’est beau, laisse-t-elle entendre à Óscar. Celui qui a décroché un BAC et une maîtrise en littérature avec une spécialité latino-américaine se voit bien poursuivre son parcours académique dans la Belle Province. En fait, des recherches plus pointues le mènent tout droit à l’Université de Montréal pour l’obtention de son doctorat. Il se met dès lors à l’étude du français. Il atterrira dans la métropole en 2018, pendant que Carolina complète ses études universitaires en techniques graphiques et animation. Octobre 2019, Óscar rentre à Bogota le temps d’épouser Carolina. De Bogotá à… Armagh De retour à Montréal, un délai impromptu dans les études et le manque de travail font en sorte qu’Óscar envoie son CV à la grandeur de la province. Intéressé par son curriculum, le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud est prêt à l’accueillir. Le couple ne fait ni une ni deux, boucle ses valises et emménage à Armagh. Alors que M. le professeurdonne des cours à Saint-Paul-de-Montminy, Mme l’infographe poireaute. « J’allais marcher et il n’y avait PERSONNE dans les rues. » À Bogotá, la musique se fait entendre dans les rues à toute heure du jour et de la nuit et pour le trafic, eh bien disons simplement qu’il y en a un peu plus. Le séjour ne durera qu’une semaine et demie. Et les voici à Montmagny Alors que Carolina et ses multiples talents sont accueillis à bras ouverts dans votre hebdo favori, Óscar donne des cours d’anglais et d’espagnol dans la région et se rend à Montréal une fois semaine enseigner la littérature et la rédaction hispanique. En fait d’apport de talents recherchés, difficile de faire mieux! Une fois son doctorat en poche, Óscar compte bien se trouver un emploi dans la région. Intégration De ce côté, tout se passe bien. Carolina aime la rotation des saisons, les couleurs, le fleuve, les montagnes. Óscar rechigne un peu à pelleter, mais bon, il n’est pas le seul dans ce cas. S’ils ont bien eu droit tous deux à quelques interactions inconfortables, ils s’entendent pour dire qu’il s’agit là d’une faible minorité.
En fait, ils perçoivent de façon générale une ouverture, une saine curiosité de la part de leurs concitoyens.Apprivoiser sa région et ses expressions Ils ont beau avoir grandement enrichi leur français parlé et écrit, le sens de mots tels fier-pet, tiguidou, y’a rien là… leur échappe toujours, allez savoir pourquoi. Un collègue taquine-t-il Carolina en lui disant à la blague qu’elle est malcommode, elle ira illico se mettre le nez dans un dictionnaire pour découvrir qu’elle serait une personne grincheuse, voire désagréable. Ouch! Ils adorent les fromages du Québec, trouventque leur épicerie répond étonnamment bien à leurs demandes en termes d’épices, fruits tropicaux et ingrédients divers. « Les arômes, ça me rappelle ma mère! » Ils se sont fait des amis de tous les horizons et aiment bien mélanger les cultures alimentaires, musicales, littéraires… Ouverture est le mot clé. Ouverture des deux côtés. C’est d’ailleurs l’un des rares bémols qu’ils émettront. Óscar croit fermement que l’interculturalité devrait prendre plus de place, plus tôt, dans tout curriculum pédagogique. Quant à Carolina, elle se demande bien pourquoi les proprios n’aiment pas les chiens! Elle rêve de faire venir au pays Zero, son épagneul springer adoré. En attendant, ils peuvent toujours se consoler avec Michi alias Bella, petite chatte errante qui est allée vers eux en toute spontanéité, sans aucun préjugé.