22 novembre 2024

L’intimidation : une agression inexcusable qui laisse des traces

Olivier est né à Montmagny et y a passé une grande partie de son enfance et de son adolescence avant de s’envoler vers l’Alberta, où il demeure toujours. Récemment marié, relativement en paix avec son passé, il a bien voulu nous raconter ce qu’il a vécu, histoire de dénoncer haut et fort tout en apportant soutien et espoir à d’autres victimes de ce fléau destructeur. « L’intimidation a un tel impact néfaste sur les gens que, quel que soit leur âge, ses victimes doivent apprendre à vivre avec des séquelles. » Voici l’entrée en matière du jeune trentenaire, qui n’a pas hésité un instant à apporter sa collaboration à ce cahier spécial.

Sa motivation? « Si ça peut aider ne serait-ce qu’une seule personne, ça va me faire plaisir d’apporter ma contribution. »
Une cible toute désignée Olivier admet d’emblée avoir éprouvé des problèmes d’apprentissage et de la difficulté à se lier d’amitié avec ses camarades de classe. « J’étais un peu spécial, ce qui faisait de moi une victime parfaite pour les intimidateurs. » Quand on est jeune, dit-il, ça ne prend pas grand-chose pour que les autres rient de toi. « Je me rappelle plusieurs récréations dans la cour d’école primaire à me faire dire qu’on ne voulait pas jouer avec moi, que je n’étais pas assez bon. » Pour se faire aimer il décide de jouer les arbitres mais, comme personne n’aime les arbitres… Même scénario dans la classe. Lorsqu’il ne comprenait pas un exercice, Olivier s’empressait de le terminer sans demander de l’aide car il ne voulait pas faire rire de lui. Ainsi s’est-il retrouvé de plus en plus isolé. Passage au secondaire Inutile de spécifier que la transition au niveau secondaire n’a en rien amélioré les choses. « Je me souviens m’être fait tout le temps traiter de con et d’innocent. Je me faisais pousser dans les corridors. » Pour survivre dans ces conditions, il faut se construire une solide carapace sinon difficile de passer à travers si tu t’arrêtes à écouter ce que déblatèrent les autres à ton propos.
La leçon la plus ardue? Apprendre à les laisser parler et ne pas répondre, ce qui les met doublement en colère car la provocation vise bel et bien à faire réagir.
« Ma dernière année au secondaire au Québec, j’ai finalement commencé à répondre. » En classe d’éducation physique, un gars lui a donné un coup de poing en plein visage et Olivier a répliqué. « Oui, le monde s’est mis à me respecter davantage, mais ça m’a coûté ma première et dernière suspension scolaire. » Nouvelle vie, nouveau combat Celui qui croyait bien s’être débarrassé des intimidateurs une fois rendu en Alberta l’été suivant a vite déchanté. À ce moment, sa plus grande barrière devenait la langue. « J’ai fait rire de moi à de multiples reprises car je n’arrivais pas à m’exprimer correctement et avais de la difficulté avec la prononciation. » Démontrant que l’on peut rencontrer des lâches partout sur sa route, Olivier parle de confrères de travail passant plus de temps durant leur journée à rire de lui qu’à travailler. Il n’a pour autant jamais baissé les bras. « Je me suis toujours poussé pour devenir meilleur, ne pas m’abaisser à leur niveau. Maintenant je suis bilingue, mes efforts ont finalement porté fruit. » Son message aux victimes d’intimidation « Lâche pas! Parle aux personnes qui sont autour de toi : tes parents, ton frère, ta sœur, tes ami.e.s, tes grands-parents… il faut que ça sorte, sinon la douleur va perdurer. » Son message aux intimidateurs « Secoue-toi! Tu penses que tu es meilleur que tout le monde, mais c’est souvent juste parce que tu es mal dans ta peau. Regarde-toi un peu avant de rire des autres… » Conclusion Comme Olivier le dit si bien, nous sommes en 2023. Ça fait des années que la majorité s’entend pour dire que l’intimidation n’a pas sa place dans la société. Qu’elle soit verbale, physique ou encore qu’elle sévisse sur les réseaux sociaux, elle est toujours inadmissible, point barre! Notre interlocuteur termine ainsi son touchant témoignage : Il y a des services, des numéros où appeler si vous connaissez une victime ou en êtes une vous-même. N’hésitez surtout pas! https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/intimidation/besoin-aide/Pages/index.aspx