18 septembre 2024

L’augmentation des droits compensatoires sur le bois d’œuvre inquiète les scieries d’ici

La hausse des droits tarifaires dictés par les États-Unis sur le bois d’œuvre canadien le mardi 13 août 2024 aura des conséquences jusqu’en Côte-du-Sud. L’inquiétude règne maintenant dans de nombreuses entreprises qui font vibrer économiquement plusieurs municipalités.

Dans le sud des MRC de Montmagny et de L’Islet, l’activité forestière est bien implantée, notamment à Saint-Just-de-Bretenières, Saint-Pamphile et Sainte-Perpétue, où elle emploie des centaines de personnes.

Bien loin de notre réalité régionale, à plus de 1 300 kilomètres à Washington, le Département du Commerce américain a unanimement décidé de rehausser la taxe douanière imposée sur le bois d’œuvre canadien de 8,05 % à 14,45 %. Il invoque une concurrence déloyale de l’industrie d’ici, car une partie de la ressource première est prélevée sur les terres de l’État, ce qu’il considère comme une subvention déguisée. Ainsi, pour demeurer compétitifs sur les marchés des voisins du Sud, les scieurs canadiens devront réduire leurs tarifications pour compenser cette hausse.

« Cette augmentation intervient dans un contexte où le commerce du bois est déjà en difficulté, avec des prix en forte baisse et des coûts de production élevés », déclare M. Gérald Baril, directeur du développement des affaires du Groupe Lebel qui exploite plusieurs usines en Côte-du-Sud.

Selon lui, la rentabilité n’est « pas nécessairement au rendez-vous » dans ces conditions. L’addition de cette taxe vient donc compliquer encore davantage la situation financière des entreprises forestières, qui peinent à maintenir leurs marges dans un marché de plus en plus contraint.

À court terme, il n’entrevoit pas de répercussions négatives sur les emplois dans ses manufactures. « Nous persévérons à miser sur une amélioration du climat économique ainsi que sur nos efforts continus pour réduire les coûts d’opération afin de traverser cette période difficile », ajoute-t-il.

Un conflit commercial de longue haleine

M. Jean-François Samray, président-
directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), qualifie les nouveaux droits compensatoires de « non fondés» et déplore leur impact croissant sur les organisations, alors que le conflit perdure depuis de nombreuses années, sans règlement à long terme.

« Les États-Unis, bien qu’incapables de répondre à leurs propres besoins, imposent une compensation élevée sur le bois canadien tout en permettant l’entrée de celui en provenance de l’Europe, sans taxe. Cette conjoncture désavantage fortement les producteurs d’ici », soutient-il.

Face à cette situation, M. Samray appelle le gouvernement fédéral ainsi que le gouvernement du Québec à intensifier leurs efforts pour résoudre ce différend commercial.
« Ottawa doit mettre plus de pression sur les États-Unis pour que les panels soient formés et que les décisions soient rendues »,
insiste-t-il.

Pour lui, l’industrie forestière québécoise se retrouve à un carrefour critique. Les actions entreprises par l’état canadien et le Québec dans les mois à venir seront déterminantes pour l’avenir du secteur. En attendant, ses acteurs doivent continuer à naviguer dans un climat d’incertitude tout en gardant l’espoir qu’une solution favorable puisse être
trouvée.