Les Groupements forestiers du territoire et l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches (APBPA) ont présenté devant une salle François-Prévost remplie de propriétaires un projet de convention afin de régler le litige autour du règlement de mise en marché collective du bois de sciage et de déroulage du Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud (SPBCS). Cette solution est toutefois déjà contestée par le Syndicat, la FPFQ et l’UPA avant même que les parties s’assoient pour en discuter.
Selon les représentants de l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches (APBPA), du Groupement forestier Bellechasse-Lévis, du Groupement forestier Grand-Portage et du Groupement forestier Montmagny-L’Islet, le projet de convention a été travaillé dans les dernières semaines et se base sur une mise en marché sur une base volontaire plutôt qu’obligatoire comme ce que souhaite le projet du SPBCS.
La convention proposée serait inspirée d’un projet similaire adopté dans le Bas-Saint-Laurent, selon le directeur général du Groupement forestier Grand-Portage, David Chouinard. Elle propose premièrement que le SPBCS négocie pour tous les producteurs le prix de vente minimum du bois avec les scieurs. Le comité de négociation serait composé de membres issus de divers secteurs de l’industrie forestière. Les propriétaires et les Groupements forestiers auraient toutefois la possibilité de déterminer le prix final de vente. Ensuite, elle demande que le SPBCS puisse mettre sur pied un regroupement volontaire de producteurs et assure une mise en marché pour ce dernier. Ainsi, les propriétaires auraient l’option d’embarquer dans le regroupement du Syndicat, de continuer avec les Groupements forestiers ou de faire leur propre mise en marché. Finalement, le projet de convention propose que les producteurs puissent continuer de choisir à quel acheteur il vend son bois et quel transporteur il utilisera.
L’ensemble de la proposition est disponible sur le site web du Groupement forestier Grand-Portage.
« C’est une convention réfléchie et elle respecte les libertés de chacun, celle de choisir l’acheteur, le transporteur, le volume de production et le moment de production. [...] Elle respecte autant le producteur que l’acheteur », souligne le trésorier de l’Association des grands propriétaires forestiers du Québec, Gérald Jacques.
Les parties demandent une résolution du conseil d’administration du SPBCS avant le 1er février afin d’éviter un litige dans l’industrie, car le règlement de mise en marché collective entre en vigueur à cette date.
Une fausse solution
Quelques heures avant l’annonce des représentants des Groupes forestiers, le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud (SPBCS), la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA) ont fait une sortie publique via communiqué afin de dénoncer la solution proposée et « les agissements d’organisations vouées à appauvrir les producteurs de bois en faisant obstruction à leur désir de négocier collectivement leurs conditions de mise en marché du bois de sciage ».
Les organismes rappellent que la décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec rendue le 26 juillet 2024 reconnaissait l’effort de consultation du SPBCS et lui donnait raison en approuvant le Règlement sur l’agence de vente du bois de sciage et déroulage des producteurs de bois de la Côte-du-Sud. Ils ajoutent que le projet a été approuvé de manière démocratique.
« Aujourd’hui, ces opposants proposent publiquement une fausse solution pour régler le litige puisqu’elle ne fait pas écho aux demandes des producteurs et qu’elle cristallisera l’état d’appauvrissement d’une grande majorité d’entre eux. Je me désole évidemment de l’impact économique de la fermeture des sentiers de motoneige de la Côte-du-Sud par les opposants à notre projet. Toutefois, je suis sûr que les citoyens, motoneigistes et entreprises dépendantes comprendront qu’il est aussi grand temps pour les producteurs de trouver solution à leur propre enjeu économique. Il faut toujours avoir le réflexe d’accepter la main qui nous est tendue, toutefois on ne peut serrer celle qui nous agrippe pour nous retenir », soutient le président du SPBCS, Pierre Lemieux.
Les représentants des Groupements forestiers se sont montrés surpris de cette réponse hâtive juste avant leur annonce alors que la rencontre avec le SPBCS est prévue seulement demain, mais ils souhaitent maintenir ce rendez-vous pour présenter leur projet.
Motoneige : « Arrêtez d’accuser les propriétaires de vouloir faire fermer les commerces »
Les membres de l’APBPA continuent d’exercer leur droit de barrer le passage aux motoneigistes sur leurs terres, entrainant ainsi la fermeture de la majorité des sentiers dans la région depuis quelques mois. Le président, Raynald Nadeau, rappelle que le but de cette mesure est que les propriétaires puissent se faire entendre et qu’elle commence à porter fruit. En effet, il mentionne avoir eu des rencontres avec plusieurs instances gouvernementales. Toutefois, il ajoute que les propriétaires ont l’intention de maintenir l’interdiction jusqu’à ce que le SPBCS s’engage via une résolution à négocier la convention de mise en marché. « Nous souhaitons que les gens respectent la décision de ces propriétaires. Ce n’est pas en leur cognant sur la tête et en les accusant de vouloir faire fermer les commerces que le dossier va avancer. Il est important de les encourager et de maintenir les moyens de pression avec eux pour que nous puissions nous faire entendre au plus vite pour que la situation se règle et que les sentiers puissent ouvrir. Si les gens continuent à accuser les propriétaires de vouloir faire fermer les commerces, certains pourraient envisager des fermetures de sentiers permanentes. Pour nous, ce qui se passe présentement, si le litige continue, nous aurons des pertes à vie aussi comme propriétaires si le Syndicat obtient l’exclusivité. »