Ségué Lepage vient tout juste de lancer son entreprise Cidres Appalaches à Saint-Jean-Port-Joli. Sous une formule où le gaspillage alimentaire est à éviter à tout prix, la cuvée de M. Lepage propose différents cidres qui seront disponibles un peu partout en province. Pour sa première cuvée, il a produit environ 9 000 bouteilles.
Ségué fait du cidre depuis six ans de façon personnelle. Avant d’arriver à Saint-Jean-Port-Joli, il a travaillé pendant 20 ans à Montréal dans le milieu de la restauration. Il avait l’habitude de cueillir dans les pommiers qui ne servaient plus dans la métropole afin de produire son propre cidre. D’une année à l’autre, il a poursuivi ses productions et a réussi à parfaire sa technique. Il a débuté avec une production de 15 litres et dans la prochaine année, 8 000 litres de ses produits voyageront sur les étagères de la province.
Dès le départ, une idée était claire: Ségué voulait récupérer les fruits que les gens n’utilisaient pas. Tout comme un peu partout en province, il a observé que de nombreux fruitiers étaient disponibles, mais que plusieurs propriétaires n’en profitaient pas nécessairement. Certains préfèrent aller chercher leurs pommes à l’épicerie ou n’auront pas l’occasion de profiter de chaque fruit disponible dans l’arbre. Résultat, les pommes tombent et ne seront plus utilisées. « Je récupère un produit qui se retrouverait au sol et qui serait perdu. Je vais revitaliser ces arbres qui n’ont souvent pas été taillés depuis longtemps. »
Il indique qu’à l’heure actuelle, plusieurs cidreries utilisent les pommes fréquemment cueillies dans les vergers. De son côté, étant dans différents secteurs, le producteur a l’occasion d’utiliser des pommes de toutes sortes, laissant place à un élément de surprise dans la production. « Chaque pomme a son profil aromatique. (…) Si tu fais un cidre avec une centaine de variétés différentes, tu commences à avoir de la longueur en bouche, il commence à avoir énormément de complexité. L’idée n’est pas que ça goûte juste du jus de pomme un peu fermenté. C’est qu’on soit complètement ailleurs. » De plus, il souhaite que sa production soit le plus saine possible, évitant de mettre tout produit chimique dans les pommes qu’il utilise. Un endroit de choix Évaluant les possibilités, il a décidé d’arrêté son choix sur Saint-Jean-Port-Joli. « Dans le secteur, c’est vraiment extraordinaire! Il y a des centaines et des centaines de pommiers et de vieux vergers chez des cultivateurs qui sont abandonnés. » Il est à noter que l’entrepreneur est natif de La Pocatière et ses parents habitent dans la MRC de L’Islet. Il s’agissait donc d’un coin qu’il connaissait bien. Il est un passionné et demeure toujours conscient des pommiers qui l’entourent.
Pour s’assurer d’avoir le nombre de pommes voulu, il signe une entente avec les propriétaires et il peut utiliser les arbres à sa guise. Il tente d’entretenir les arbres petit à petit afin d’assurer de futures bonnes cueillettes. Pour le moment, il a accès à environ 350 arbres. Il poursuit ses recherches et vise le secteur de Montmagny à Kamouraska. Dans les prochaines années, le producteur aimerait bien avoir son propre verger afin de planter ses pommiers. Les installations Ségué est arrivé en octobre dans les locaux situés sur la 132 à Saint-Jean-Port-Joli. Pour s’assurer qu’une première cuvée soit prête, le producteur a dû accélérer la cadence. Rappelons que plusieurs étapes sont nécessaires, de la cueillette à la distribution. Malgré la simultanéité entre la production et l’installation dans les locaux, il se dit bien satisfait de sa première cuvée. Pour le moment, il ne sera pas possible d’acheter des produits directement à l’emplacement de Cidres Appalaches, mais le tout sera distribué dans les épiceries fines, restaurants et autres, selon la demande, et ce, à travers la province, dont les villes de Québec et Montréal. Il indique que jusqu’à présent, plusieurs restaurants de la région ont déjà démontré leur intérêt. Ses installations comprennent une chambre froide, une salle de transformation, une salle de cuverie, entre autres. « L’espace que j’ai va me permettre de croitre dans les prochaines années sans aucun problème», explique-t-il. Parallèlement à ce projet, l’entrepreneur fait de l’apiculture. « Ça me permet de mettre également mes ruches dans mes principaux points de cueillette. Les abeilles peuvent contribuer à la polonisation des arbres aussi et je vais utiliser une partie de mon miel également », explique-t-il.
OSEntreprendre au national Cidres Appalaches a été choisie au niveau national du concours OSEntreprendre dans la catégorie Exploitation, transformation, production. Une fierté pour le producteur! « C’est l'fun d’avoir de la reconnaissance au niveau entrepreneurial! » Il a le côté entrepreneur dans le sang et il ne se voit pas faire autre chose que s’occuper de sa propre entreprise. Il sera possible de savoir dès le 7 juin s'il est l'heureux gagnant de sa catégorie.