21 avril 2024

L’art de payer dans le vide!

    Non contente de vous appâter avec un lot illimité de gadgets dont vous pourriez très bien vous dispenser, l’industrie a trouvé un moyen intelligent de vider vos poches à un rythme soutenu : il s’agit de l’obsolescence programmée*. Voilà le nom donné à la bête insatiable qui entraîne le consommateur dans une quête sans fin. Les électroménagers ne s’avèrent plus aussi solides (quel euphémisme) qu’auparavant. Le four micro-ondes acheté il y a trois décennies fonctionne toujours, mais un nouveau venu dans la cuisine déclarera forfait bien avant de fêter ses 30 ans. Les ordinateurs? Désuets après quelques petites années de service. Le téléphone cellulaire? À changer avant même que l’assureur ait eu le temps de retourner vos appels. Vos courriels n’entrent plus sur votre téléphone? « Espace de stockage insuffisant » vous avertit-il, alors que vous cherchez en vain ce que vous avez bien pu archiver. L’imprimante? Cartouches d’encre introuvables. Les nouveaux systèmes d’exploitation? Incompatibles avec votre appareil. Quant aux pièces de rechange - si le client arrive à les dénicher - elles sont tellement dispendieuses et difficiles à installer qu’acheter un nouveau produit lui reviendra moins cher! La garantie prolongée? Quelle farce! Les compagnies la proposent tout en vous assurant de la fiabilité et de la durabilité à toute épreuve de leur produit. Logique, où te caches-tu? La liste pourrait devenir exponentielle mais inutile de s’y attarder, tout le monde connait la chanson. Peut-on parler de frénésie de consommation? Pas du tout puisqu’il s’agit ici de contraintes imposées par les fabricants et non de caprices.

    En bref, rien de bon pour vos finances et encore moins pour l’environnement puisque, malheureusement, ces « serpuariens »ne fondent pas comme neige au soleil…

    La France nous devance

    Sur le vieux continent, un article du code de la consommation stipule que l’obsolescence programmée est passible d’une peine d’emprisonnement et d’une amende pouvant aller jusqu’à 5% du chiffres d’affaires annuel moyen.

    Que faire?

    Plusieurs questionnent, certains agissent. Par exemple, un groupe d’étudiants de l’Université de Sherbrooke a déposé en avril 2019 un projet de loi visant à interdire aux entreprises de limiter volontairement la durée de vie de leur produit. La solution réside-t-elle dans une cote de durabilité telle qu’ils la proposent? Vivement une pétition que l’acheteur pourra signer en ligne… si son ordi le lui permet encore. Sans cesse renouveler nos appareils, car il devient impossible de les réparer, donne l’impression que le consommateur développe l’art de payer dans le vide. * L’obsolescence programmée signifie, aux termes de la loi française, « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement. »