26 juillet 2024

Pénurie de foin: les producteurs agricoles dénoncent l’attitude du Fédéral

La pénurie de foin découlant de la sécheresse en 2018 cause de sérieux problèmes aux producteurs agricoles québécois parce que la compensation prévue par l’assurance récolte n’est pas à la hauteur: «Comme il s’agit d’une situation extraordinaire, on s’attendait à une compensation extraordinaire afin de pouvoir soigner nos animaux, mais ce n’est pas le cas» explique M. James Allen, président de l’UPA de Chaudière-Appalaches, qui se trouvait à La Pocatière jeudi dernier pour dénoncer l’attitude du gouvernement fédéral dans ce dossier. Compte tenu de la gravité de la crise, la Financière agricole du Québec (FADQ) a proposé de modifier, en cours de saison, les paramètres de la couverture d’assurance afin de permettre un dédommagement plus représentatif des pertes encourues. Cette modification ferait grimper la compensation de 2 à 16 millions$. Mais il y a un hic! Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) refuse de valider ce changement parce qu’on l’effectue en cours de saison, ce qui pourrait créer un précédent. La situation est d’autant plus choquante pour les producteurs du fait qu’ACC aurait accepté de changer les règles du jeu pour 2019, mais pas pour 2018: «En adhérant au programme d’assurance-récolte depuis des années, les producteurs s’attendent à une compensation juste pour les pertes subies. Agriculture et Agroalimentaire Canada a reconnu une erreur dans sa méthode d’évaluation des pertes et se dit prêt à procéder à des ajustements en 2019. Cependant, on a appris qu’il refuse d’agir pour 2018, au détriment des producteurs qui ont subi la sécheresse extrême» déplore M. Bernard Généreux, député de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup. Le prix du foin a explosé: une balle qui se vendait 30$ coûte 100$, sans oublier le transport. Les producteurs dépensent des dizaines de miliers de dollars pour obtenir du foin afin de nourir leurs bêtes. Certains parlent de catastrophe: «Dans ma région, des producteurs sont sous respiration artificielle, pour ne pas dire sinistrés. S’il y a des fermetures d’entreprises agricoles à cause de cette problématique, je vais en tenir le Fédéral personnellement responsable» lance M. Gilbert Marquis, président de l’UPA du Bas-Saint-Laurent. Commission parlementaire Participant à la conférence de presse par le truchement de la vidéo, M. Luc Berthold, député conservateur de Mégantic-L’Érable et ministre du cabinet fantôme responsable du dossier de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, déplore le manque de sensibilité du ministre Lawrence MacAulay: «Le ministère reconnaît une erreur et est prêt à changer les règles dans le futur, mais il ne fera rien pour aider les victimes de 2018. Je demande au ministre de mettre son poing sur la table et de régler cette situation dès aujourd’hui! Il en a le pouvoir et le devoir. Les producteurs ne demandent pas une subvention, ni la charité: ils veulent tout simplement leur dû de leur assurance» affirme-t-il. Surtout que le temps presse. En mars, les agriculteurs devront déposer leurs requêtes relatives à 2018: si les paramètres ne changent pas d’ici là, ils encaisseront de lourdes pertes. Pour faire débloquer le dossier, les députés Berthold et Généreux ont annoncé que le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire déposera sous peu, si ce n’est déjà fait, une motion à la Chambre des communes afin d’obliger des représentants du gouvernement et d’ACC à s’expliquer. De plus, les producteurs espèrent que le gouvernement profitera de l’assemblée anuelle de la Fédération canadienne de l’agriculture qui se déroule cette semaine à Ottawa pour livrer la marchandise.

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