29 avril 2024

Au cœur de l’action!

Après une seule heure de jasette avec Yvette Arsenault, vous aurez traversé plusieurs villages, villes et pays lointains. Vous aurez aussi vécu mille vies, ce qui semble assurément être son cas! Portrait d’une femme accomplie, à l’écoute de ses besoins et de ceux de son prochain. À l’âge de neuf ans, alors qu’elle prenait soin d’une sœur aînée souffrant de pneumonie sévère, Yvette Arsenault a compris qu’elle deviendrait infirmière… et pas n’importe où! La voie était tracée, mais il y a bien eu quelques détours. En fait, Yvette a dû attendre que sonne l’heure de la retraite avant de réaliser son rêve le plus cher : partir en mission humanitaire dans la brousse africaine. « Travailler comme infirmière m’a vraiment comblée. C’était pour moi une vocation plus qu’une profession. » Début d’une seconde vie En 2004, la nouvelle retraitée passera six mois et demis à Victoria, en Colombie-Britannique, afin d’élargir ses horizons et d’apprendre les rudiments de l’anglais dont elle aura besoin pour ses futurs projets. Le rêve prend forme En 2012, ce qu’elle espérait depuis si longtemps se concrétise enfin : elle atterrit au Sénégal pour un séjour de trois semaines – beaucoup trop court à son goût. En compagnie notamment de collègues d’Infirmiers et Infirmières Sans Frontières, Yvette travaille en dispensaire. Sous la supervision d’une équipe expérimentée, elle examine les malades et prescrit les médicaments appropriés. « J’étais très émue en débarquant dans la brousse. C’était le rêve de ma vie! » Projets solidaires L’Inde l’accueille quelques mois en 2017. Elle vit alors dans la banlieue où réside le Dalaï-lama, a le privilège de le rencontrer et assiste à ses enseignements durant deux jours. Son projet solidaire? La cueillette d’ordures dans de longs escaliers de pierre et le tri des matières recyclables. L’Inde est l’endroit où Yvette a observé la plus grande pauvreté. Parmi ses expériences marquantes : la visite du couvent dans lequel demeurait Mère Teresa et celle de la maison de Gandhi. Elle assiste à une crémation sur les bords du Gange – une tradition hindoue – en compagnie de centaines de personnes de toutes nationalités. « Jamais je n’oublierai ce voyage, même si les conditions étaient difficiles. » Suivra, l’année suivante, un voyage de sept semaines au Vietnam. À Hoi An, elle se faufile à vélo à travers une circulation infernale. Elle accompagne cette fois en physiothérapie des enfants avec un handicap physique ou intellectuel. « Je me suis vraiment attachée à ces enfants. Ils ne possédaient rien, mais avaient tout à l’intérieur. Ils étaient souriants et s’entraidaient dans la mesure du possible. J’ai reçu de leur part toute une leçon de vie! » Au cours de son voyage, notre globe-trotter traverse un tunnel utilisé par les Vietnamiens pour se cacher pendant la guerre. Elle a tellement aimé Hoi An et les jeunes de l’orphelinat qu’elle y retournera en 2019 afin de poursuivre sa mission. Une visite à Bangkok et au nord de la Thaïlande, moins heureuse celle-là, a suivi le projet. 2020, juste avant vous-savez-quoi, Mme Arsenault séjournait sept semaines au Sénégal. Son projet : assister une monitrice auprès des 3-4 ans dans un Centre de développement de la petite enfance. Réalisant l’indigence dans laquelle vivait cette femme et ses filles, Yvette se chargera de lui fournir le nécessaire afin qu’elle puisse garder la tête hors de l’eau. « J’ai vite compris pourquoi j’étais venue au Sénégal. Elle était très reconnaissante. Je ne regrette rien, j’ai écouté mon cœur. »

Prochaine destination : Madagascar.
Aide en soins palliatifs De son temps, elle en donne aussi ici-même, à La Maison d’Hélène. Forte de ses études et son expérience à La Maison Michel-Sarrazin et de sa volonté constante à aller vers les gens dans le besoin, Yvette Arsenault a fait de ce nouveau bénévolat un projet de retraite. « Ce travail me comble de joie, je reçois plus que je ne donne. » Garder la forme « Je consomme en abondance mes antidépresseurs. » dira-t-elle avec humour. Et quels sont-ils? La nature, la marche rapide, le vélo, la marche en montagne (l’ascension du Mont Albert demeure son activité préférée), le ski de fond et la raquette, le cardio-tonus et le spinning! Ouf! Plusieurs auraient du mal à suivre cette jeunesse de 74 ans! Ce qui l’inspire Sa mère, femme aimable et généreuse s’il en est, demeure à jamais son modèle. Elle commence chaque journée par un exercice spirituel, entrant en contact avec le Créateur et lui confiant ses enfants, ses proches et l’univers souffrant. Elle fait des mots croisés, des Sudokus et s’adonne à des lectures inspirantes, telles « La puissance de la joie » de Frédéric Lenoir et « L’art du bonheur dans un monde incertain – Sa Sainteté Le Dalaï-Lama et Howard Cutler ». La phrase magique Yvette Arsenault a un truc bien à elle qui l’aide à affronter les difficultés : elle énonce « Tout est parfait » même si ce n’est pas le cas, ce qui a le mérite de désamorcer les tensions. Ainsi accepte-t-elle ce qui survient dans sa vie sans lutter, une forme de lâcher-prise qui lui redonne un légitime sentiment de liberté. « Aujourd’hui, je suis comblée. J’ai vraiment une belle vie et j’en suis reconnaissante. »