Le 4e forum citoyen de « Personne n’en parle » a donné lieu à d’intéressants échanges entre les représentants du public et les panelistes sur la façon de comprendre pourquoi le gouvernement du Québec a investi plus de 46 M $ afin de prolonger la ligne de gaz naturel de Saint-Henri à Montmagny d’une part, et pourquoi la Coopérative de gestion forestière des Appalaches a besoin de nouveaux marchés pour développer la biomasse dans Chaudière-Appalaches d’autre part. Ces discussions ont été tenues dans le cadre de la 4e émission, le 2 décembre à la Bibliothèque de Montmagny. Le groupe de pression Montmagny en transition a soulevé l’hypothèse qu’il serait souhaitable d’investir cet argent dans nombre de projets mettant en valeur le développement durable, plutôt que d’engager une telle somme qui servira au final à un faible pourcentage d’entreprises. Pour Martin Vaillancourt, du CRECA, cet investissement sert d’abord à rendre plus compétitives des entreprises en leur permettant un approvisionnement énergétique à moindre coût. Cependant, il donne en exemple que si, pour dix entreprises qui opéreront maintenant au gaz naturel, huit étaient déjà au propane, une au mazout et une à l’électricité, l’effet environnemental est nul, mais il y a un avantage économique important pour les entrepreneurs à devenir plus concurrentiels. Pour Jean-François Dubé, président de la Coop de gestion, leur problème vient du fait que c’est justement cette clientèle que son organisation courtise : « Les marchés potentiels qu’on vise, ils attendent le gaz. On veut développer une économie circulaire qui s’appuie sur la matière d’ici. On recherche des appuis mais j’avoue qu’on est un peu mêlé. On comprend aussi que les équipementiers fournissent des équipements qui fonctionnent avec du gaz». M. Dubé croit aussi qu’en considérant les changements climatiques et le réchauffement de la planète, il deviendra impératif de modifier nos comportements, de délaisser les énergies fossiles au profit des énergies vertes. À cet égard, les petites municipalités pourraient devenir des clients intéressants. Chauffer les salles municipales, les foyers de personnes âgées, les équipements divers, les écoles aussi, voilà qui enverrait un signe symbolique marquant un virage vers une économie durable. Changer… maintenant! Pour Anne-Marie Berthiaume, de Montmagny en transition, la question à se poser demeure de savoir tout ce qu’il serait possible de réaliser en projets innovants avec ces 46 M $ : « Avec le gaz, la demande est de plus en plus faible et les coûts de plus en plus élevés. Nous allons cesser d’utiliser les hydrocarbures dans 20, 30 ans maximum. Les entreprises doivent faire les transitions vers les énergies vertes dès maintenant. On fonctionne toujours sur l’ancien modèle mais on est rendus ailleurs. Les gens sont démunis envers les changements climatiques ». M. Vaillancourt acquiesce que le gouvernement investit parce qu’Énergir, sans partenariat, n’aurait pas déployé ce réseau considérant sa non-rentabilité. À titre d’exemple, cette aide gouvernementale s’apparente au financement que peut accorder un gouvernement dans le déploiement d’internet et de la téléphonie dans les régions au Canada. Il subventionne la construction des réseaux car le privé n’y investira pas. « À la différence qu’internet devient accessible à tout le monde alors que le gaz s’adresse à un petit groupe », nuance le directeur du CRECA. Ce dernier connaît très bien les MRC de la Côte-du-Sud car il y œuvré pendant 12 ans au profit de la Conférence régionale des élus (CRÉ). Éolienne Au sujet de l’éventualité de développer l’énergie éolienne sur le territoire, deux projets seraient toujours sur les tablettes pour la Côte-du-Sud mais Hydro-Québec n’entrevoit pas de développement à court terme, selon ce qui a été possible d’apprendre. Il y a un beau potentiel pour les MRC de Montmagny et L’Islet, tout en s’assurant de respecter l’aspect esthétique des paysages. De beaux projets ont été réalisés dans la MRC de Bellechasse et les retombées économiques permettent de se projeter avec optimisme vers l’avenir. Enfin, certains ont questionné la possibilité de mettre en place une table régionale en environnement. Une telle structure a vu le jour dans Lotbinière l’an dernier avec « Demain Lotbinière ».