26 avril 2024

Matières résiduelles, recyclage et érosion!

Le 4e et dernier forum citoyen « Personne n’en parle », traitant cette fois de l’environnement aura permis d’étaler les principaux enjeux que les leaders régionaux de diverses organisations devront solutionner au cours des prochaines années. Les défis sont gigantesques par rapport aux moyens mis à leur disposition. Pour aborder ce sujet sensible et émotif, Martin Vaillancourt, du Conseil régional en environnement Chaudière-Appalaches (CRECA), Jérémie Caron, de l’Organisme des bassins versants (OBV) de la Rivière-du-Sud , Daniel Racine, de la MRC de Montmagny, de même que Victor Cliche, représentant Les Avertis du Centre d’enseignement collégial de Montmagny, ont prêté leur concours dans le cadre d’une émission dont les thèmes ont traité surtout de matières résiduelles, gestion de l’eau, recyclage, érosion et énergie. Représentant à elles-seules près de 50% du volume de déchets acheminés dans les sites d’enfouissement, les matières organiques feront l’objet d’une nouvelle règlementation en 2020 avec l’implantation du bac brun. Un projet expérimental a donné d’excellents résultats à Berthier-sur-mer, selon Daniel Racine, et la ville de Montmagny suivra le pas bientôt. Cependant, le débat de l’implantation de cette collecte dans les petites municipalités n’est pas pour demain. Il faut se questionner au sujet des grandes distances et des faibles populations des municipalités dans Chaudière-Appalaches avant de prendre des décisions pour la cueillette des matières résiduelles « Est-ce rentable, dans certains cas, d’implanter cette collecte?, soulève M. Racine. Il reçoit l’appui de Martin Vaillancourt, du CRECA : « À St-Henri, il y a une belle plate-forme de compostage industriel. Il y a de la biométhanisation à Rivière-du-Loup. Ils vont chercher une partie de cette matière pour la transformer et la réutiliser dans les champs. Mais peu de villes ont des solutions dans Chaudière-Appalaches. Alors, comment structurer les différentes collectes». Bonne gestion des déchets? La situation devient d’autant plus inquiétante que même si la cueillette du recyclage domestique a vu le jour à la fin des années 1970, la population affiche toujours bien peu de considération en lien avec les matières à mettre dans le bac vert, bleu ou brun : « Il faut comprendre que le tout part de la maison, par la sensibilisation des parents. Nous, on tente de sensibiliser la population étudiante aux bienfaits de cette pratique et nous menons des projets pour promouvoir l’implantation du compost. Un carton souillé, on met ça dans quel bac? », avance Victor Cliche. Même dans les institutions d’enseignement, il reste beaucoup de travail à faire quant à la sensibilisation. Un produit fait mauvaise presse quant à la revente des matières recyclés : le plastique. L’obstacle provient de l’abandon de l’achat des produits québécois dans un marché majeur comme la Chine, mais le tout était prévisible. « Les Chinois ont averti il y a dix ans qu’ils voulaient obtenir de la matière d’excellente qualité. On n’a pas écouté », a lancé M. Vaillancourt. Cours d’eau Pour le biologiste Jérémie Caron, de l’OBV, il en va de même pour la gestion des cours d’eau, où l’action humaine provoque parfois un déséquilibre dans la nature. Autant en milieu agricole que forestier, le creusage de fossés dans les chemins forestiers ou le drainage des terres agricoles modifient les courants d’eau, les volumes et les résidus dirigés vers les rivières. « Il faut approfondir et développer une concertation entre les gens et les promoteurs des projets ». M. Vaillancourt ajoute que tous sont pour la vertu, mais il faut aussi évaluer les impacts économiques en milieu agricole et forestier, en lien avec l’industrie. « On procède à des analyses sur des invertébrés qui donnent des indications. À la rivière Boyer, nous avons noté la disparition de l’éperlan arc-en-ciel qui était un poisson emblématique. La gestion des zones inondables et des égouts fluviaux crée d’autres situations », dit M. Caron, d’où la nécessité de protéger les cours d’eau. L’érosion Voilà, selon Daniel Racine, un très gros problème à venir, dont les solutions se présentent de façon peu évidente et les coûts sans doute faramineux. « Dans la zone derrière la polyvalente à Montmagny, des travaux pour protéger les berges ont donné de bons résultats. Mais lorsqu’il est question des berges derrière le camping, la falaise est grugée, grugée et grugée. Nous pensons qu’il y a un lien avec la période des glaces qui est de plus en plus courte, faisant en sorte que les tempêtes plus fréquentes grugent de plus en plus», explique celui qui siège sur la Zip du sud de l’Estuaire, dont le territoire s’étend jusqu’à Matane. Questionné au sujet de la possibilité d’effectuer des travaux d’enrochement, M. Racine soulève deux problématiques avec cette pratique : « Avec le temps, la vague peut creuser et l’enrochement s’effondrer. Aussi, aux extrémités des travaux, il y a un effet de boue qui creuse des trous. Est-ce qu’il faut laisser la place à la nature et s’éloigner du fleuve? Des maisons ont perdu leur galerie lors de la dernière tempête à Cap-St-Ignace, les terres agricoles se font manger. Un accès routier est en danger entre l’Île-aux-grues et l’Île-aux-oies. Que devons-nous faire? Il y a des inquiétudes et des fortunes à mettre là-dedans », a conclu M. Racine.