25 avril 2024

Permission sous caution

La société actuelle semble en constante contradiction. Tout est permis, youpi! Y’a plus rien à l’index, comme chantait l’autre. Mais attention les amis, on vous attend au tournant. On a fait tout un battage médiatique autour du 17 octobre, journée où le cannabis devenait officiellement légal. L’État s’est mis en quatre pour nous vendre de l’herbe dans ses nouvelles succursales de la SQDC. Le but est d’éradiquer le marché noir? Ce serait l’idéal, mais j’ai des doutes. Bref, des gens ont fait la file pendant des heures sous la pluie et au froid, n’hésitant pas à qualifier cette journée d’historique. Comparable à la fin de la prohibition? Zut, encore le petit doute. On peut maintenant acheter de la mari sous toutes ses formes, en toute liberté mais attention où vous la consommez car, la même journée, la SQ déployait un important contingent assigné aux contrôles routiers. Oh oh, ne planez pas trop haut les tits cocos, on va vous ramasser dans l’détour! Bof, diront certains après une bonne puff, les agents de la SQ auront beau être formés au dépistage, l’appareil de détection du THC n’est même pas encore au point! Et la boucane? Il n’y a probablement jamais eu autant de sortes de cigarettes - tabac ou électroniques - mais plus personne n’a le droit de fumer nulle part ou presque. Fumeurs de tout acabit, mieux vaut cacher ce vilain vice sur lequel la société a depuis longtemps jeté l’opprobre. Et n’allez surtout pas encombrer nos urgences quand vous serez malades, on vous avait prévenus!

Et l’alcool? Et le jeu? Encore là, l’État providence saura satisfaire vos moindres envies, soient-elles encadrées ou limitées. Ne vous inquiétez pas, on vous dictera les règles. Buvez, misez et grattez en paix.
Enfin une dernière question, aussi naïve soit-elle : pourquoi fabrique-t-on encore des voitures et des motos qui peuvent rouler à plus de 200 km/h alors qu’on n’attend qu’un tout petit excès pour vous pincer sur une autoroute où la limite est fixée à 100 km/h? N’y a-t-il pas là une certaine ironie? Bien sûr il y a le libre arbitre. Le bon jugement du parfait citoyen qui jamais ne dépasse la ligne qu’on lui a tracée. Bien sûr. Sinon on serait porté à croire que l’État souhaite s’en mettre plein les poches – percevant d’une main, distribuant des amendes de l’autre – en déclinant toute responsabilité. Ce serait trop cynique, non?