02 avril 2025

Le Bloc québécois veut inviter le Canada à rendre au protectionnisme américain la monnaie de sa pièce

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a profité d’une visite de l’entreprise Alstom de La Pocatière pour réitérer sa volonté de déposer un projet de loi pour garantir l’achat local et réserver un pourcentage de contenu canadien dans les contrats publics et les approvisionnements du fédéral. Une démarche, ouvertement inspirée du Buy American Act, qui pourrait bénéficier à la multinationale française établie au Kamouraska.

Collaboration spéciale - Marc-Antoine Paquin, Info Dimanche

Lors d’un point de presse tenu à l’usine en fin d’avant-midi, le 31 mars, M. Blanchet a martelé l’importance pour Ottawa de privilégier les fournisseurs locaux dans ses approvisionnements de biens et de services. Il souhaite un dépôt du projet de loi «le plus rapidement possible», présumément en juin, afin de protéger davantage les secteurs québécois et canadiens des tarifs douaniers de l’administration Trump.

«Il faut assurer qu’un pourcentage des contenus des contrats publics donnés et financés par l’État soit canadien ou québécois», a-t-il insisté, mentionnant que cela permettra d’aider les entreprises pendant une possible période de ralentissement économique.

Ce pourcentage devrait d’ailleurs être fixé à 70 %, selon ce qu’a évoqué M. Blanchet dans une réponse à un journaliste. «C’est ça le miroir avec les Américains. Mais le Parlement va avoir une certaine juridiction là-dedans et des analyses doivent être faites pour valider la capacité des chaines d’approvisionnement», a-t-il renchéri, prudent.

À ses côtés, la candidate du BQ dans la circonscription Côte-du-Sud—Rivière-du-Loup—Kataskomiq—Témiscouata, Diane Sénécal, hochait de la tête en signe d’approbation. Selon elle, la mesure est pertinente, voire nécessaire. «C’est essentiel», a-t-elle spécifié, convenant même que ces règles auraient peut-être dû être instaurées avant. «Maintenant, la nécessité était peut-être moins là, on s’en rendait peut-être moins compte, mais avec les tarifs douaniers, on prend pleinement conscience de l’importance de prioriser la production locale. Pour se défendre [contre les États-Unis], il faut promouvoir l’achat local, et pour y arriver, il faut d’abord prioriser la production locale», a-t-elle indiqué.

Le Tramway

La présence de Yves-François Blanchet, au cœur d’une circonscription conservatrice, n’était pas un hasard. Le chef bloquiste a fait référence au projet de tramway de Québec, dont les composantes devraient être assemblées à La Pocatière s’il voit le jour.

M. Blanchet a aussi rappelé que le Parti conservateur a maintes fois confirmé que ce projet n’existerait pas s’il était amené au pouvoir. «Un député conservateur viendrait empêcher une entreprise emblématique et parmi les plus importantes de la région d’avoir un contrat singulièrement important avec un effet positif et structurant», a-t-il dit en référence au député sortant, Bernard Généreux, sans le nommer.

Toujours sur le dossier du transport collectif, il a soutenu que le projet de TGV entre Toronto et Québec, évalué grossièrement «à plus de 100 milliards de dollars», doit contenir des protections en termes de contenus québécois et canadiens.

«On pourrait se retrouver avec un projet d’infrastructure sans précédent dont les contrats [permettraient de] développer la compétitivité des concurrents à l’étranger, plutôt que de rapporter environ 70 milliards au territoire québécois ou canadien. C’est inacceptable», a indiqué Yves-François Blanchet. Il souhaite aussi que le financement du transport collectif et les investissements liés aux équipements soient doublés par Ottawa sur une période de dix ans.

Par ailleurs, questionné par des membres des médias, le chef du Bloc québécois a répété que son parti s’opposait de façon «absolue et irrévocable» à une résurrection du projet d’oléoduc Énergie Est, dont le tracé initial traversait la circonscription.

Il s’est aussi réjoui qu’un candidat libéral, en l’occurrence Rémi Massé, estime que les règles entourant l’embauche de travailleurs étrangers temporaires doivent être revues par Ottawa. «J’espère qu’il a envoyé le mémo à son chef et qu’une majorité de membres de son futur caucus, dans l’opposition ou au pouvoir, partage son point de vue.»

Après La Pocatière, Yves-François Blanchet prenait la route de Rivière-du-Loup où un diner était prévu avec le candidat de Rimouski-La Matapédia, Maxime Blanchette-Joncas.