11 octobre 2024

Une plante envahissante qui menace la biodiversité de L’Isle-aux-Grues

Selon Conservation de la nature Canada, L’Isle-aux-Grues est reconnue comme un haut lieu de biodiversité au Québec, car plus de 200 espèces d’oiseaux y nichent ou utilisent ses habitats lors des migrations. Elle est reliée à l’île aux Oies, par une batture, soit le haut marais. Il s’agit du secteur où un projet majeur fut initié il y a quelques années afin de chasser une plante envahissante qui a intégré le milieu et menace la biodiversité. Selon Sabrina Doyon, chargée de projets pour la région de Chaudière-Appalaches à Conservation de la nature Canada, le phragmite ou le roseau commun est une plante exotique envahissante qui est plutôt rependue. On la retrouve dans les milieux naturels et en tropique, donc souvent en bordure de route, mais aussi dans les milieux humides. Il s’agit d’une plante qui n’est pas indigène, donc elle ne provient pas d’ici, mais plutôt d’Asie. « Le principal enjeu avec les plantes exotiques envahissantes, c’est qu’elles sont extrêmement compétitives. Lorsqu’elles sont introduites dans les milieux naturels, elles vont prendre tout l’espace disponible. Il y a vraiment une perte de biodiversité importante lorsque la plante entre dans le milieu. »  Elle ajoute que le nombre de plantes est affecté, mais aussi l’écosystème dans lequel l’espèce envahissante s’est introduite. « Chaque plante a son rôle à jouer dans un écosystème. Certains insectes ne se nourrissent que de certaines plantes alors que des oiseaux en ont besoin d’une autre par exemple. Si nous ne faisons rien, l’espèce envahissante prendra de plus en plus de place. » Deux hectares à recouvrir Pour se débarrasser du phragmite, plusieurs étapes sont nécessaires, car la plante serait très résistante. Mme Doyon explique que son équipe devait d’abord faucher le roseau. Cela va affaiblir la plante, car elle ne sera plus en mesure de faire de la photosynthèse, donc de se nourrir. La colonie est ensuite délimitée et des tranchées sont creusées autour de cette dernière. L’équipe doit creuser jusqu’à ce qu’elle ne voie plus de racines de phragmite, car la plante a un réseau très dense sous la terre et il est important de s’assurer d’arrêter sa propagation vers l’extérieur de la colonie délimitée. Une bâche conçue de géotextile spécifique à ce type d’opération est finalement installée et fixée solidement dans la tranchée. Comme les bâches ont une grandeur spécifique, elles doivent être cousues manuellement avec une machine afin d’en former une assez grande pour couvrir la colonie entière. Le tout doit être très solide, car le secteur du haut marais est soumis aux marées. Une superficie d’environ deux hectares avait été ciblée pour le projet. Mme Doyon explique que Conservation de la nature Canada dispose de peu de temps chaque année pour installer les bâches sur les colonies, soit environ une semaine vers la fin de l’automne, car il s’agit du seul moment où le haut marais est accessible avec la machinerie sans avoir trop d’impact sur l’écosystème. Les premières bâches ont été installées en 2020, mais entre le moment où les inventaires des colonies a été fait et le moment où les bâches ont été installées, les colonies avaient grossies et de nouvelles s’étaient formées. L’équipe a donc manqué de bâche et de temps. De nouvelles bâches ont été installées en 2021. Comme elles ne peuvent être retirées qu’après trois saisons de croissance, le retrait est prévu pour 2024-2025. « Nous sommes présentement dans la phase de suivi des installations. Nous allons sur place plusieurs fois par année pour faire des réparations et nous assurer que tout se déroule comme prévu. » Un autre secteur qui avait été jugé prioritaire devrait aussi être couvert cet automne.

Un projet rassembleur La chargée de projet témoigne aussi de l’implication de la communauté de L’Isle-aux-Grues dans le projet. Les gens se seraient montrés très préoccupés par cette plante qui menace la biodiversité de leur territoire et n’auraient pas hésité à donner de leur temps. Elle mentionne que plusieurs bénévoles vont fréquemment vérifier l’état des bâches lorsque Conservation de la nature Canada ne peut pas être sur place. Des partenaires de la région ont aussi contribué au projet en termes de matériaux, de main-d’œuvre et de machinerie.

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