19 mai 2024

Centre d’Équithérapie La Remontée : Une perte incommensurable pour les gens vivant avec un handicap

Le conseil d’administration du Centre d’équithérapie La Remontée annonce qu’il devra mettre fin aux activités de l’organisme qui offrait des services aux gens vivant avec un handicap physique ou mental. Selon L’Arc-en-Ciel et Autisme Chaudière-Appalaches, il s’agit d’une perte immense pour une clientèle qui tirait énormément de bénéfices de ces activités irremplaçables.

La Remontée accueillait environ 125 personnes de tous âges avec des besoins particuliers pour ses ateliers d’équithérapie. Les participants assistaient à des cours d’équitation et à d’autres activités avec des chevaux, tous encadrés par des bénévoles.

Via communiqué, la directrice générale de l’organisme, Hélène Caron, révèle que « le sous-financement chronique des organismes communautaires, la pression de l’inflation exponentielle post-COVID et le manque de main-d’œuvre spécialisée ont rendu la situation du centre précaire, ce qui a conduit les administrateurs à prendre cette difficile décision ». Elle ajoute que les compressions budgétaires, l’effort des bénévoles, les levées de fonds et le soutien d’autres organismes n’étaient pas suffisants pour que le Centre puisse maintenir ses activités. Des demandes auraient été placées auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux afin d’obtenir une source de financement pérenne, mais elles auraient été refusées.

Une perte immense

Pour Nancy Chamberland, coordonnatrice d’Autisme Chaudière-Appalaches, il est difficile de comprendre que cet organisme n’ait pas réussi à obtenir le financement nécessaire malgré les multiples efforts et campagnes de financement déployés. En effet, elle affirme qu’elle voyait à chaque atelier auxquels elle participait avec ses membres les immenses bénéfices qu’ils en tiraient. Elle raconte que plusieurs jeunes vivant avec le trouble de l’autisme lui ont confié que cet endroit leur permettait enfin de pouvoir décompresser, leur concentration étant dirigée seulement vers l’animal. De plus, elle remarquait que les ateliers étaient bénéfiques sur plusieurs niveaux du spectre de l’autisme. « Il n’y a rien qui réponde aux besoins de jeunes à besoins particuliers comme le faisait une séance d’équithérapie à La Remontée. Quand j’arrivais avec mon groupe, bien souvent les jeunes avaient eu une grosse semaine. Que ce soit à l’école, en stage ou au travail, ils étaient épuisés, anxieux, au bord de la surcharge. Puis là, la magie opérait. Les jeunes brossaient leur cheval et le silence se faisait dans l’écurie. On entendait les jeunes fredonner, se calmer instantanément. Puis ils montaient sur leur cheval et Hélène les guidait à travers l’atelier d’équithérapie. J’étais bouleversée à chaque fois devant l’effet qu’avait le cheval sur la personne. Je voyais des sourires, de la fierté et de l’apaisement. » Elle se désole du fait qu’elle ne pourra pas trouver d’activité équivalente pour ses membres, car il n’y a pas d’autre centre d’équitation thérapeutique accrédité dans les MRC de Montmagny, L’Islet et Bellechasse. Mme Chamberland souligne également la qualité de l’accompagnement de la directrice de l’organisme, Hélène Caron, lors des ateliers.

Maude Perreault, directrice de L’Arc-en-Ciel, Regroupement de Parents et de Personnes Handicapées, croit également que le service offert par La Remontée était essentiel dans la région. Elle ajoute que « ce qui est le plus désolant dans tout ça, c’est que la fermeture n’est pas due à un manque de clientèle car les besoins sont bien présents dans la région. L’organisme La Remontée donne le meilleur de lui-même chaque année, comme chacun d’entre nous les OBNL, pour survivre avec l’enveloppe qui nous est allouée. Bien sûr, nous organisons des levées de fonds, nous faisons des demandes à des fondations et créons des partenariats avec les entreprises d’ici. Mais pendant ce temps, toute cette énergie mise pour trouver des sources de revenus variées n’est pas mise sur le bien-être de nos membres et le développement des services. Chaque année, nous ne savons pas si notre financement sera renouvelé, car cela dépend toujours des orientations gouvernementales. »

« Nous avons beaucoup d’appels de parents qui nous demandent si c’est vrai que le Centre ferme, car cet endroit faisait tellement de bien à leurs jeunes. Chaque jour on espère qu’il va y avoir une annonce ou un revirement de situation. Je ne peux pas croire que nous allons perdre cela », conclu Nancy Chamberland.

Au moment d’écrire ces lignes, le Journal était toujours en attente d’une réponse du député de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, concernant son point de vue sur cette fermeture et les démarches qu’avait entreprises l’organisme auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Près de 1 000 signatures

Dans la journée d’hier, une pétition a été lancée en ligne sur le site Change.org. La présentation demande au gouvernement du Québec d’intervenir afin de trouver une source de financement pour l’organisme. En moins de 24 h, elle avait amassé près de 1 000 signatures au moment d’écrire ces lignes.

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