Sous l’effet combiné des compressions budgétaires et d’une surcharge de travail pour le personnel soignant, le système de santé des MRC de Montmagny et de L’Islet se retrouve en grande difficulté. À l’approche de l’hiver, souvent associé à une hausse marquée de l’achalandage, les syndicats dénoncent une situation qu’ils jugent critique, tandis que le CISSS de Chaudière-Appalaches énonce déployer des efforts soutenus pour anticiper la période froide.
Carole Mercier, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de Chaudière-Appalaches (FIQ-SPSCA), tire la sonnette d’alarme. « Nos membres sont épuisées. Bien qu’elles acceptent de faire du temps supplémentaire pour éviter qu’il ne soit imposé, c’est une dynamique insupportable à long terme. Certaines équipes fonctionnent avec des horaires tellement tendus qu’un congé maladie ou un départ pourrait déséquilibrer tout le service », affirme-t-elle.
Mme Mercier se déclare également très inquiète pour les traitements à l’Hôpital de Montmagny, où le manque de personnel demeure un problème récurrent. « Chaque hiver, après les Fêtes, les urgences sont saturées en raison des infections saisonnières. Je crains que nos gens n’aient pas les moyens nécessaires pour répondre à cette pression accrue », prévient-elle.
Outre les défis organisationnels, la présidente de la FIQ-SPSCA évoque une détérioration du moral parmi les soignants. « Nos membres ont l’impression de prêcher dans le désert. Elles donnent tout ce qu’elles ont, mais les compressions et les mesures budgétaires récemment annoncées leur envoient un message clair : elles doivent encore faire plus avec moins », déplore-t-elle.
Mme Mercier souligne que les revendications des salariés ne se limitent pas à la rémunération. « Ce qu’ils demandent, c’est une reconnaissance concrète : davantage de postes permanents, moins de temps supplémentaire obligatoire et une meilleure considération de leurs conditions de travail », plaide-t-elle.
De son côté, Mireille Gaudreau, porte-parole du CISSS de Chaudière-Appalaches, confirme l’élimination de 330 postes vacants dans la région, dont environ 50 dans les MRC de Montmagny et de L’Islet. Néanmoins, comme ils sont dépourvus de titulaires, les employés en place ne seront pas affectés. Ainsi, les ressources présentement disponibles seront concentrées sur la main-d’œuvre actuelle et sur les priorités immédiates.
De plus, l’organisation doit s’adapter à la fin du recours au personnel d’agence de placement en avril 2025. « Grâce aux efforts massifs de recrutement auprès des [professionnels] œuvrant au sein des [celles-ci], nous sommes fiers de mentionner qu’un nombre important de travailleurs ont été embauchés », insiste-t-elle.
Toutefois, Carole Mercier reste sceptique. « On parle d’optimisation, mais sur le terrain, nos équipes peinent déjà à répondre à la demande. Comment peut-on croire que la suppression de postes vacants va améliorer la situation ? », s’interroge-t-elle.
En réponse aux préoccupations, Mireille Gaudreau affirme que plusieurs mesures ont été mises en place pour faire face aux besoins croissants des prochains mois. « Les équipes travaillent depuis l’été à préparer un plan d’action pour la saison hivernale afin d’assurer une meilleure coordination. L’idée est d’agir en amont de cette période achalandée », explique-t-elle.
Par exemple, des initiatives visant à favoriser, structurer et synthétiser les communications avec les résidences pour aînés ont été déployées. Une ligne d’assistance 24/7 est désormais accessible pour guider leurs intervenants dans la gestion de certains cas.
Pour désengorger les urgences, le CISSS travaille également à accroître la capacité de main-d’œuvre durant les Fêtes, à augmenter les disponibilités de rendez-vous dans les cliniques et à sensibiliser la population aux alternatives comme le 811 ou les pharmacies.
L’organisation espère que ces initiatives permettront de traverser la période hivernale sans crise majeure. Elle assure que les usagers peuvent avoir confiance en un réseau mobilisé pour répondre à ses besoins.
Malgré ces efforts, le doute persiste chez les syndicats et le personnel soignant, qui appellent à des engagements plus solides et à un renforcement des effectifs.