Alors que l’industrie forestière de la Côte-du-Sud est aux prises avec de nombreux défis concernant le transport, une nouvelle technologie pourrait changer la donne dans les prochaines années : les camions autonomes.
Ce projet est une initiative de FPInnovations, un organisme sans but lucratif qui se spécialise dans la création de solutions afin de soutenir la compétitivité du secteur forestier canadien à l’échelle mondiale.
Aisha Manderson, chercheuse-ingénieure senior du groupe Transports et Infrastructures pour cette organisation, explique le fonctionnement de la technologie envisagée : ‘’Nous souhaitons intégrer la technologie du platooning à l’industrie forestière. Concrètement, un convoi de camions liés électroniquement entre eux est constitué. Un conducteur expérimenté conduit le camion de tête, tandis que le camion suiveur réagit aux mouvements du camion de tête grâce à un système de commandes électriques et d’autonomie’’.
Mme Manderson soutient que cette technologie est particulièrement bien adaptée pour le transport des billes de bois dans les chemins forestiers, où la vitesse et le volume de circulation sont moins élevés.
FPInnovations souhaite ainsi proposer une solution concrète afin de pallier la pénurie de camionneurs qui frappe la Côte-du-Sud et l’ensemble du Québec. ‘’L’objectif de l’initiative de circulation de camions en peloton n’est pas de remplacer les camionneurs, mais de fournir une solution technologique qui permettra de transporter des marchandises de façon fiable en utilisant les camionneurs expérimentés qui sont actuellement disponibles’’, explique-t-elle.
Présentement, l’organisme est en voie de compléter la phase 1 de son programme d’essai. Durant celle-ci, elle a évalué la réaction du système autonome dans des conditions courantes telles que les pentes abruptes, les vibrations causées par des routes cahoteuses, la perte du signal GPS dans les régions éloignées et la rencontre d’obstacles comme des animaux sauvages. Elle a été réalisée dans un environnement contrôlé sur des chemins forestiers fermés, où des chauffeurs de sécurité étaient présents dans tous les camions du peloton.
Les phases 2 et 3 devraient être enclenchées dans les prochains mois, afin d’en arriver à commercialiser cette technologie vers la fin de 2026, si tout se passe bien.
Présentement, les essais sont réalisés sur un modèle de camion précis. ‘’Néanmoins, nous souhaitons qu’à terme, cette technologie fonctionne avec tous les fabricants de camions’’, affirme Mme Manderson.
Par ailleurs, le 20 mars dernier, le gouvernement du Québec a annoncé l’attribution d’une aide financière maximale de 2 M$ sur trois ans à FPInnovations pour soutenir les prochaines étapes de ce projet.