08 mai 2024

Chaudière-Appalaches en queue de peloton

Avec 327 hygiénistes dentaires (HD) pour une population de 444 072 personnes donnant un ratio de 73,6 professionnels par 100 000 habitants, la région de Chaudière-Appalaches fait office de parent pauvre dans ce secteur comparativement à la moyenne québécoise où le ratio est de 80,2 HD / 100 000 individus.

« Il manque une centaine d’hygiénistes dentaires dans votre région. L’écart se creuse et c’est inquiétant », a mentionné le président de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec, Jean-François Lortie, ajoutant que certains clients qui ont déjà un dossier dans une clinique doivent attendre des mois avant d’avoir un rendez-vous.

Il croit d’ailleurs que la nouvelle assurance canadienne, qui sera en vigueur en mai prochain, entraînera son lot de problèmes dans la Belle Province. « Je souhaite bonne chance à ceux qui n’ont pas un dossier d’ouvert dans une clinique. Ce ne sera pas évident pour eux de trouver quelqu’un qui peut les traiter», a-t-il souligné, précisant que 2,4 millions de Québécois pourraient profiter de cette assurance.

Conséquences réelles

Le taux de caries est plus élevé au Canada par rapport aux États-Unis. De plus, les maladies des gencives sont plus communes et elles nécessitent plusieurs rendez-vous annuellement. « Si la personne a besoin de quatre visites par année, mais qu’aucune clinique ne peut l’offrir, il est là l’enjeu. »

M. Lortie explique que la prévention a commencé 50 ans plus tard au Québec. « La profession a pris naissance en 1975 et on partait de très loin. Souvent, il y avait une brosse à dents pour la famille et les cadeaux de noce étaient des extractions de dents ou des dentiers. » Du même souffle, il fait remarquer que le Québec est l’endroit où il y a le plus d’édentation en Amérique du Nord. « Ça va prendre des générations pour que le portrait change. »

Des pistes de solution

Depuis 2020, les hygiénistes dentaires ont une certaine autonomie professionnelle comprenant 15 activités réservées. Par conséquent, les gens n’ont plus besoin de voir un dentiste pour l’évaluation de la qualité buccodentaire, engendrant ainsi une réduction de coûts. « Il y a une cinquantaine de cliniques d’hygiène dentaire au Québec. Cette modernisation fait partie de la solution. Malheureusement, vous n’en avez pas dans votre région. »

Cela dit, M. Lortie prévient que l’hygiéniste dentaire ne remplace pas le dentiste. « La HD est là pour évaluer et voir les conditions. Dès qu’il y a des situations anormales, selon le Code de déontologie, on doit dire au client d’aller voir le dentiste.»

Le président de l’Ordre estime que la profession a fait un retour dans les foires d’emploi et d’éducation. De plus, des représentations sont effectuées auprès du ministère de l’Enseignement supérieur afin que la proposition au niveau des cégeps soit bonifiée. « Actuellement, ce diplôme d’études collégiales est offert dans 10 établissements scolaires. Dans un monde idéal, cette quantité passera à 15.» Selon lui, ce programme doit être disponible en région.

« Avant, on disait aux adolescents d’aller à Montréal et à Québec pour étudier. Maintenant, avec la rareté et le coût des loyers, le jeune de 17 ans y pense à deux fois avant de décider de partir à l’extérieur pour sa formation. D’où l’importance d’avoir des programmes en région. »

Finalement, les professionnels instruits à l’étranger peuvent aussi venir prêter main-forte, estime M. Lortie. « Les HD n’existent pas partout dans le monde. Mais nous avons un bassin de 75 candidats par année qui sont dentistes dans leur pays. Ceux-ci vont faire une équivalence chez nous afin de devenir hygiéniste dentaire. Un programme est mis en place à Saint-Hyacinthe. Le processus prend 18 mois.

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