29 mai 2025

Les premiers répondants : un service rare, mais qui fait la différence

Le dernier Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2024-2025 met en lumière le fait que 70 % des municipalités du Québec ne sont pas dotés d’un service de Premiers répondants. Toutefois, quelques municipalités se distinguent dans la région, dont celle de Saint-Pamphile qui est une des deux seules de la MRC de L’Islet à offrir ce service à la population.

Les premiers répondants, comme le nom l’indique, sont les premiers sur place après un appel d’urgence pour différentes situations comme un accident de voiture, de travail ou encore un malaise vécu par un citoyen. Dans plusieurs municipalités, les pompiers assurent le service.

Keven Guillemette est le responsable de l’équipe de premiers répondants de la Municipalité de Saint-Pamphile. Il est lui-même premier répondant depuis 2022 et a pris graduellement la tête du service depuis 2024. Son équipe est présentement composée de cinq personnes, bien qu’elle soit déjà montée à une dizaine de membres il y a quelques années, mais il croit avoir suffisamment de gens pour répondre aux besoins de la municipalité. Il n’est donc pas en recherche active, mais il est toujours ouvert à de nouvelles candidatures pour assurer une relève.

M. Guillemette explique que ce sont les services d’urgences qui contactent son équipe après avoir déployé une équipe de paramédics. Selon le niveau d’urgence déterminée de la demande, les premiers répondants sont demandés, car ils arrivent le plus souvent sur les lieux de l’incident à cause de leur présence dans la municipalité. Après avoir reçu l’appel, la personne se rend au local de l’équipe chercher le matériel nécessaire et se dirige sur les lieux de l’appel d’urgence. Les premiers répondants restent auprès du patient et apportent des soins d’urgence jusqu’à l’arrivée des paramédicaux qui prennent ensuite la relève avec des soins plus spécialisés et le transport vers le centre hospitalier.

Les premiers répondants peuvent répondre à des appels selon leur niveau de formation. Au niveau 1, ils disposent de connaissances leur permettant d’intervenir dans des situations où il est important d’agir au plus vite, comme un arrêt cardiorespiratoire, une réaction allergique ou des saignements graves. Au niveau 2, ils peuvent intervenir dans des situations traumatiques plus complexes comme une hémorragie grave ou des plaies profondes. Au niveau 3, soit le plus élevé, ils possèdent des compétences pour gérer des urgences médicales critiques et des situations exceptionnelles comme des accouchements en urgence ou des crises médicales liées à des environnements particuliers, avec des produits chimiques par exemple. M. Guillemette souligne que les premiers répondants de son équipe ont une formation de niveau 3. Elle serait donnée par le CISSS de Chaudière-Appalaches et se tiendrait sur environ quatre fins de semaine.

Pour M. Guillemette, il ne fait aucun doute que les premiers répondants ont le pouvoir de faire la différence dans plusieurs situations d’urgences où chaque minute compte, particulièrement dans des régions rurales comme le sud de la MRC de L’Islet. « Si l’ambulance de Saint-Pamphile est déjà en route vers l’hôpital, la prochaine qui est appelée est souvent à Saint-Jean-Port-Joli ou à Saint-Fabien-de-Panet. C’est souvent plus d’une demi-heure de route avant que l’ambulance arrive au patient. » Comme il s’agit d’un service couvert par les municipalités, il trouve d’ailleurs dommage de ne pas pouvoir répondre à des appels des villages autour qui n’offrent pas ce service, mais qui sont toute aussi loin des services préhospitaliers.

Depuis les dernières années, le service de premiers répondants coûte environ 9 000 $ à la Municipalité de Saint-Pamphile, soit pour des frais de sorties, formations, vêtements et médicaments.

Importants, mais rares

Le Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2024-2025 – Tome de mai 2025 fait l’audition de plusieurs services offerts aux citoyens québécois, dont les services préhospitaliers. Une de ses premières constatations est le fait que 70 % des municipalités dans la province n’ont pas de service de premiers répondants en place. Environ 50 % de la population québécoise résiderait dans ces municipalités.

Le Rapport souligne que, si un objectif d’intervention de 10 minutes est fixé pour une intervention très urgente, les ambulanciers seraient parvenus à l’atteindre dans seulement 35 % des cas dans les municipalités rurales. Il souligne que cela s’explique par le fait que les secteurs ruraux ont une grande superficie et souvent moins d’ambulances disponibles. Cette situation rendrait plus importante l’intervention des premiers répondants qui sont déjà dans la municipalité afin que le patient puisse recevoir des soins plus rapidement et augmenter ses chances de survie. Le rapport souligne également que des études scientifiques démontrent que, dans le cas d’un arrêt cardiorespiratoire, chaque minute sans intervention diminue de 7 à 10 % les chances de survie et, qu’après 10 minutes, elles sont presque nulles.

Voici les municipalités dans les MRC de Montmagny et L’Islet nommé dans le Rapport comme faisant partie de celles qui n’ont pas ce service en date de septembre 2024 lorsque les informations ont été compilées :

MRC de Montmagny: Montmagny, Cap-Saint-Ignace, Saint-Antoine-de-l’Isle-aux-Grues, Saint-Fabien-de-Panet, Saint-Just-de-Bretenière et Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud.

MRC de L’Islet : L’Islet, Saint-Adalbert, Saint-Aubert, Saint-Cyrille-de-Lessard, Saint-Damase-de-L’Islet, Sainte-Félicité, Sainte-Perpétue, Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Omer, Sainte-Louise et Tourville.

Il semble toutefois que la problématique de la disponibilité des premiers répondants n’est pas abordée pour la première fois au Québec. « Dans son rapport de 2014, le Comité national sur les services préhospitaliers d’urgence a soulevé le problème de disponibilité des premiers répondants. Il attribuait cette situation notamment au fait que les municipalités ne semblaient pas bien saisir l’importance de la question, qu’elles étaient réticentes à participer à ce projet, craignant de devoir assumer des coûts importants, et que les petites municipalités éprouvaient des difficultés parce qu’elles s’appuient le plus souvent sur des bénévoles qui s’essoufflent au fil du temps. Malgré la recommandation du comité de prendre des mesures pour que la présence de premiers répondants soit obligatoire sur tout le territoire du Québec, le nombre de municipalités disposant de ce service est resté stable au cours des 10 dernières années. En septembre 2024, 773 des

1102 municipalités du Québec (70 %) ne bénéficiaient pas d’un service de premiers répondants. Ces municipalités comptaient 4,4 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population du Québec », peut-on lire dans le rapport.